Le responsable de ce syndicat autonome a mis de côté les divergences avec l'UGTA pour faire aboutir les revendications sociales qui sont partagées par tous les travailleurs. Liberté : Le conseil national du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) vient de décider de reporter la date de sa grève initialement annoncée pour aujourd'hui, pour la faire coïncider avec celle prévue par l'UGTA les 25 et 26 février prochains. Est-ce qu'il s'agit là d'un soutien que vous apportez à la Centrale syndicale de Sidi Saïd ? M. Rachid Malaoui : Non, nous ne soutenons pas la Centrale syndicale dans sa gestion de la politique syndicale, mais nous considérons que les revendications de l'UGTA sont les nôtres. Autrement dit, vous trouvez dans la plate-forme de revendications qu'exprime l'UGTA dans son appel à la grève générale vos propres revendications... Tout à fait. Les revendications dont se fait écho l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), nous les avons déjà exprimées en tant que syndicat autonome et nous les exprimons encore aujourd'hui. Mais on connaît les vieilles divergences entre le Snapap et l'UGTA et vous n'avez jamais manqué une occasion pour accabler la Centrale de Sidi Saïd. Qu'est-ce qui a fondamentalement changé sur la scène syndicale pour qu'aujourd'hui vous appeliez à une grève en même temps que l'UGTA ? On fait une grève générale autour d'une plate-forme de revendications sociales et nous ne voulons pas diviser les travailleurs. Dans ce cadre, ça ne nous gêne pas de défendre les travailleurs en même temps que l'UGTA ou une autre organisation syndicale, puisqu'on poursuit les mêmes objectifs et on mène un mouvement de protestation autour de revendications qui intéressent tous les travailleurs de quelque secteur que ce soit. Mais si l'UGTA négocie sur le dos des travailleurs à l'issue de cette grève, on la mettra en garde, en lui demandant de maintenir la pression autour de la même plate-forme de revendications. Cela dit, on a ajouté la journée du 27 février prochain pour nous distinguer de la Centrale syndicale. Votre débrayage ne concerne que le personnel de l'administration, le Snapap n'est pas représentatif du secteur économique… Si on ne représente pas le secteur économique, c'est parce que le pouvoir ne veut pas nous permettre de le faire, en refusant de nous délivrer des agréments. Mais nous soutenons les revendications des travailleurs de ce secteur, en refusant la politique de privatisation, du moins dans sa mise en œuvre, ainsi que la privatisation de Sonatrach. En définitive, vous mettez de côté vos différends avec l'UGTA et vous primez les intérêts des travailleurs sur toute autre considération… Le syndicalisme, c'est une affaire de travailleurs, ce n'est pas une affaire de personnes. D'ailleurs, on est en justice avec l'UGTA : Sidi Saïd a déposé plainte contre moi et le Snapap a déposé plainte contre l'UGTA. Mais nous mettons cela de côté, car les travailleurs vivent la misère. On doit s'entendre sur les intérêts des travailleurs et les différends peuvent attendre. L'essentiel est que les gens qui gèrent l'UGTA, le Snapap ou les autres syndicats doivent comprendre que notre intérêt à nous est dans la satisfaction des exigences des travailleurs. Et lorsqu'on sera à l'aise, on pourra reprendre les hostilités. Quel est le contenu de la plate-forme de revendications que vous exprimez pour le secteur de la Fonction publique ? Notre plate-forme qui est commune à celle de l'UGTA dans ce secteur revendique une augmentation de salaire, aux travailleurs de la Fonction publique, un statut général de la Fonction publique et l'intégration des vacataires. N. M. Les réserves du MDS “La signification politique et les objectifs socioéconomiques avancés en appelant à une grève prêtent à controverse”. C'est en ces termes que le Mouvement démocratique et social (MDS) s'est exprimé sur les deux journées de protestation que prévoit d'organiser la Centrale syndicale. Le mouvement de Hachemi Cherif redoute, en effet, “des manœuvres et des manipulations visant à récupérer et à prendre en otage la volonté des travailleurs”. En d'autres termes, le MDS ne fait pas trop confiance aux responsables de l'UGTA. Cela ne l'empêche cependant pas de soutenir la grève des 25 et 26 en guise de “véritables journées d'actions et de lutte”. Celles-ci permettront, selon ce parti qui a rendu publique hier une déclaration, “de s'organiser démocratiquement partout à la base où toutes les raisons sont réunies pour amener les travailleurs à élever qualitativement et quantitativement le niveau de leurs luttes”. Le MDS ne manque pas de souligner que cette action de l'UGTA intervient dans un contexte marqué par “le recul généralisé des conditions de vie et de travail, au moment où l'Etat dispose de 24 milliards de dollars”. R. N.