Au vu de leur force de mobilisation, les syndicats autonomes tendent à évincer la Centrale syndicale. Une fois de plus, l'aréopage de syndicats autonomes, regroupés sous la bannière de l'Intersyndicale de la Fonction publique, a confirmé son statut de représentant crédible des travailleurs. Le débrayage auquel avait appelé cette organisation a été «largement suivi» dans son premier jour. Plusieurs secteurs ont été paralysés par cette énième grève déclenchée par les syndicats non affiliés à l'Ugta. Les responsables des organisations formant l'Intersyndicale, chiffres à l'appui, se sont félicités de la forte mobilisation des fonctionnaires. «La grève a été suivie à 80% au niveau national. Elle a touché, notamment, les secteurs de la santé, des finances et de l'enseignement supérieur», a indiqué hier, Mohamed Hadj-Djilani, porte-parole du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Du côté du secteur de l'éducation, le plus rompu aux débrayages, les travailleurs se sont montrés les plus engagés. «La grève a été largement suivie dans les lycées. Le taux de suivi a atteint 94% à Alger et 100% à Tipaza», a soutenu Ali Lemdani, chargé de la communication du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique. En revanche, le ministère de l'Education avance des chiffres contradictoires. Un communiqué du département de Benbouzid fait état, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, d'un taux de suivi ne dépassant pas les 7%. Selon ce communiqué, le plus fort taux de suivi qui est de 22,34%, a été enregistré dans la wilaya de Bouira. L'Intersyndicale - composée du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), du Syndicat national des professeurs de l'enseignement paramédical (Snpepm), du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte) et de la Coordination des enseignants contractuels algériens (Ceca) - n'est pas le seul bloc syndical qui proteste. La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, regroupant 12 autres syndicats autonomes, a appelé, pour sa part, à une grève générale de trois jours les 24, 25 et 26 février courant. Dans le même registre, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a annoncé une grève les 17, 18 et 19 février en cours. Soulignons, par ailleurs, que cet énième succès des grévistes est révélateur du profond malaise social. Il y a un mois, la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique a paralysé de nombreux secteurs. Les syndicats autonomes, qui ne cessent de monter au créneau, revendiquent, notamment la révision à la hausse de la valeur du point indiciaire et l'abrogation de l'article 87 bis. Cela en plus de l'ouverture de négociations sérieuses et transparentes à propos du régime indemnitaire et des statuts particuliers qui doivent consacrer l'intégration de tous les contractuels en exercice. Au sujet du dialogue justement, il convient de noter que le gouvernement a exprimé, par la voix de son porte-parole, Abderrachid Boukerzaza, sa disposition à «élargir le débat avec tous les partenaires sociaux agréés». Une déclaration qui n'a pas été suivie d'actes concrets, puisque les syndicats n'en démordent pas et menacent toujours de débrayer. Les jours à venir diront cependant si le gouvernement est enfin prêt, sinon à faire des concessions, du moins à l'ouverture d'un dialogue sérieux et responsable avec des syndicats autonomes dont la montée en puissance, ces dernières années, ne s'est pas démentie. D'autant plus que l'habituel interlocuteur des pouvoirs publics en matière sociale et salariale, qu'est la Centrale syndicale Ugta, adopte un profil bas à un moment où le monde du travail est en pleine ébullition.