Vêtus de tenues de gendarme, les éléments armés avaient pris position sur le CW 42 vers 20 heures. Douze personnes ont été assassinées dans la nuit de mardi à mercredi par des terroristes qui ont dressé un faux barrage aux environs de 20 heures, à la sortie ouest de la ville de Hameur El-Aïn, localité située à 15 km au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tipasa. L'attentat meurtrier a eu lieu à proximité du cimetière des Martyrs à 800 m du centre de la ville. On dénombre 10 hommes et deux femmes parmi les victimes. Selon des témoignages recueillis sur place, les terroristes, au nombre de 15, ont occupé le CW 42 qui relie El-Affroun à Hadjout vers 20 heures. Vêtus de tenues de gendarme, ils se sont scindés en trois groupes. Le premier, posté sur la route, était chargé d'intercepter les véhicules. Quant aux deux autres, embusqués sur les flancs gauche et droit du chemin de wilaya, ils devaient faire le guet et attaquer par surprise. C'est ainsi que les criminels ont pu intercepter huit véhicules. Une Renault Kangoo à bord de laquelle se trouvait Fireli Hamid, âgé de 46 ans ; une Peugeot 306 occupée par trois personnes, Tartague Ahmed (33 ans), Abdessalem Salim (34 ans) et Hadraïsse Farouk (23 ans) ; une Renault 4 occupée par le couple Daïri Zoubir 31 ans et son épouse Zohra âgée de 26 ans ; une Renault Clio à bord de laquelle se trouvait Ahmed Messaoud (28 ans) ; et une R25 occupée par la famille Abdessalem : Bachir (48 ans), sa femme âgée de 41 ans et son frère Rachid (29 ans). Toutes ces voitures venaient d'El-Affroun en direction de Hameur El-Aïn. Dans le sens opposé, les véhicules, qui venaient de Hameur El-Aïn et allaient vers El-Affroun, ont été interceptés par les lâches criminels : une Peugeot 406 à bord de laquelle se trouvait Kharroubi Djillali (40 ans) et un semi-remorque conduit par Sihaoui âgé de 45 ans. Un microbus de type Karsan avec sept passagers à bord a pu miraculeusement échapper au massacre et donner l'alerte. Selon le conducteur, “les terroristes n'avaient plus de munitions. Ils n'ont tiré qu'une seule balle qui a brisé mon pare-brise. Pensant avoir affaire à un barrage de la Gendarmerie nationale, j'ai ralenti une première fois. Mais après avoir compris le manège, en voyant toutes ces voitures immobilisées, j'ai enclenché la vitesse et démarré en trombe.” Les assassins se sont acharnés sur les usagers de ce tronçon routier avec une haine des plus sauvages. Les victimes ont toutes été mitraillées et sont mortes sur le coup, excepté les deux femmes et le chauffeur du semi-remorque qui ont succombé à leurs blessures après leur admission à l'hôpital de Hadjout. Un faux barrage, encore un qui vient endeuiller une wilaya, mais surtout une commune déjà fortement ébranlée par la violence terroriste. Sur le lieu du drame, des flaques de sang et des débris de glaces couvraient la chaussée. Encore un massacre perpétré en un temps record. En effet, selon des témoignages recueillis sur place, pas plus de cinq minutes ont suffi à la horde sanguinaire pour accomplir son forfait et ce, à la faveur de la nuit. Les terroristes réussiront ainsi à s'échapper laissant derrière eux des scènes de désolation. L'intervention des forces de sécurité, faut-il le préciser, s'est fait attendre. Selon des citoyens de Hameur El-Aïn, les gendarmes sont arrivés sur le lieu du drame plus d'une demi-heure après l'alerte. Les victimes ont été évacuées vers la morgue de l'hôpital de Hadjout. A l'heure où nous mettons sous presse, les corps n'ont pas été récupérés par leurs proches. Les victimes sont originaires d'El-Affroun, de Bourkika, d'Oued Djer, de Hadjout et de Hameur El-Aïn. La population locale que nous avons rencontrée, hier, était encore sous le choc suite à ce massacre qui intervient après une relative accalmie. La reprise des attentats terroristes est un indice que le terrorisme ne désarme pas. Qu'il exploite la moindre faille dans le dispositif sécuritaire pour perpétrer ses actions. Le terrorisme s'acharne principalement sur les citoyens sans défense. M. A.