Retard sur retard, la compagnie n'avait comme autres motifs que celui du problème technique pour expliquer son incapacité d'honorer ses prestations. Les rumeurs sur le groupe Khalifa en général et sur la compagnie aérienne se suivent même s'ils ne se ressemblent pas. Hier et malgré tous les démentis apportés auparavant, la compagnie Khalifa Airways a bel et bien vu ses appareils cloués au sol. Les agences au niveau d'Alger ont baissé rideau. D'autres refusaient de vendre des billets. Une virée à l'aéroport d'Alger n'a fait que confirmer le malaise. Du côté des lignes internationales, l'accès nous est impossible. Mais les propos recueillis auprès des citoyens à l'extérieur de l'enceinte aéroportuaire étaient plus qu'éloquents. “Constatez par vous-mêmes tout ce monde. Il y a vraiment problème, et personne n'est en mesure de nous fournir une quelconque information”, nous a déclaré un citoyen visiblement excédé par une attente trop longue, mais surtout par le mépris affiché par le transport Khalifa. “Il y a eu le vol pour Londres, mais nous n'en savons pas plus”, a enchaîné un autre sans autre conviction tant l'information se donne au compte-gouttes. Cette attitude est de mise également du côté des lignes domestiques. “Nous sommes là depuis 10 heures du matin. Je suis arrivée de Tunis, j'ai fait escale à Alger pour continuer sur Oran à partir de 12h. Regardez, il est plus de 17h et je suis encore là avec mon bébé de huit mois, complètement perdue sans savoir à quel saint me vouer. J'ai dû changer les couches de mon bébé aux toilettes. Et heureusement qu'on ne voyage pas sans argent sinon on n'aurait rien eu à manger”, a raconté une jeune maman, les traits tirés et les yeux embués de larmes. En fin de journée, l'annonce de la reprise des vols a fait précipiter les gens vers les guichets comme un raz-de-marée. Pris d'assaut, les agents de Khalifa perdaient presque leur sang-froid. Ce n'est guère mieux du côté des passagers qui cèdent carrément à la colère après une journée harassante et une attente lassante. La compagnie Air Algérie a tenté d'absorber les passagers de Khalifa dans la mesure de la disponibilité des places. Mais prise au dépourvu, il était quasiment impossible de contenter tout le monde. 18h, un avion Khalifa s'envole pour Oran. D'autres sont annoncés pour Ghardaïa et Hassi Messaoud. Certains ont qualifié cette pseudo reprise comme un sursis pour permettre à Air Algérie de mieux s'organiser. Car pour le moment, il s'agit pour Khalifa de garder les pieds sur terre... N. S. Les agences Khalifa inopérantes Le bruit courait depuis le matin que les agences commerciales de la compagnie Khalifa avaient baissé rideau après avoir reçu l'instruction de geler toutes leurs opérations. Nous avons fait le tour de deux d'entre elles, soit les plus importantes sur la place d'Alger. Ainsi, à l'agence du Sacré-Cœur où nous nous sommes rendus en milieu d'après-midi, quelle ne fut notre surprise de constater qu'effectivement la si bouillante succursale était au point mort. Trois opératrices étaient derrière leurs micros. La mine inquiète, elles n'étaient guère affairées comme à l'accoutumée. Elles étaient plutôt réduites à expliquer aux clients que les activités de l'agence étaient gelées jusqu'à nouvel ordre. “Que se passe-t-il ? Une panne d'ordinateur ?” interrogeons-nous malicieusement. “En quelque sorte. Plutôt une panne en haut lieu”, ironise une opératrice, d'un sourire entendu. Un sourire amer. A l'agence Pasteur (Albert 1er), nous n'avons même pas eu l'occasion de trouver quelque charmante hôtesses pour nous fournir quelque explications. Pour cause : l'agence était carrément fermée. M. B.