Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le patron algérien de la compagnie française Aigle Azur aborde la progression significative de la société sur le marché aérien. Il affiche l'ambition d'Aigle Azur de s'imposer dans le ciel algérien à travers des lignes régulières à partir de mars 2003 et le renforcement de ses dessertes. Liberté : Air Lib vient de déclarer faillite, Air Littoral veut se placer sur l'Algérie. Pourquoi pas Aigle Azur ? M. Idjerouidène : En effet, pourquoi pas Aigle Azur ? Avant tout, je dois vous dire que l'arrêt des activités de cette compagnie a été vécu par la profession comme un véritable séisme. Il n'est jamais réjouissant de voir un des siens disparaître du jour au lendemain. Certes, cette disparition a laissé un vide qu'il faudra combler. Les créneaux libérés, environ 45 000, toutes destinations confondues, seront naturellement redistribués. A mon avis, aux compagnies offrant les meilleures garanties quant à leur utilisation pour éviter, justement, la situation de panique vécue dans les aéroports et les terribles désagréments que les passagers ont subis, notamment à destination de l'Algérie. Sachant que nous étions à quelques jours de l'Aïd El-Kébir, Aigle Azur a réagi immédiatement par la mise en place d'un programme de 12 vols supplémentaires, pour permettre à nos compatriotes de fêter l'Aïd El-Kébir avec leur famille. Comme vous le voyez et pour répondre à votre question, Aigle Azur est totalement concernée par l'Algérie qu'elle considère comme sa destination naturelle. Nous assurons depuis plus d'une année, à partir de Paris-Roissy, les dessertes d'Alger et de Béjaïa ; notre taux de remplissage et de fidélisation croît de façon normal et le capital sympathie recueilli auprès de nos passagers grossit de semaine en semaine. Or, c'est ce climat de confiance que nous voulons maintenir et développer avec le passager, en lui offrant plus de possibilités et une meilleure fluidité dans la fréquence de nos vols. Aigle Azur passe en compagnie régulière sur l'Algérie en mars 2003 et augmentera ses fréquences sur Alger avec deux quotidiens et 4 vols semaines sur Annaba, Béjaïa, Constantine et Oran. Aigle Azur renforce également, sa flotte par 2 B737-400 et 1 Airbus A 321 bi-classe. Ce programme reflète bien la volonté d'Aigle Azur d'être compagnie française sur l'Algérie. On connaît Go Fast mais pas Aigle Azur. Pourquoi cette timidité à communiquer ? Je ne crois pas qu'il y a, de notre part, de la timidité à communiquer. Il faut vous dire que, lorsqu'en avril 2001 j'ai repris et intégré Aigle Azur dans le groupe Go Fast, je ne m'attendais pas, du tout, à hériter d'une compagnie chargée d'un passé aussi glorieux, pour avoir participé dès 1946, date de sa création, à la grande épopée de l'aviation civile française d'après guerre. Aujourd'hui encore, le nom d'Aigle Azur est entouré d'un mythe et figure en bonne place dans les annales de cette histoire. Vous comprendrez alors que nous n'avions pas le droit à l'erreur et qu'il était hors de question, pour nous, de galvauder un nom aussi prestigieux. Il nous fallait, dans l'ordre des priorités, préparer la réinsertion d'Aigle Azur dans le paysage aéronautique français en la dotant de nouveaux moyens humains et matériels et en lui fixant les objectifs qui seraient les siens et s'occuper de son image ensuite. Ce qui fut fait. Aujourd'hui, Aigle Azur occupe une place honorable parmi ses pairs et la notoriété qui entoure son nom ne cesse de grandir en France et en Algérie. L'aviation connaît de part le monde des difficultés, mais pas en Algérie, si l'on en juge par le partage parcimonieux des lignes ? Non, le marché algérien n'est pas aussi important. Si l'on en croit les chiffres, seulement 1,7 million de passagers ont emprunté les lignes Algérie/France/Algérie ; à titre de comparaison, 9 millions de passagers ont emprunté les lignes France/Angleterre en 2001 et 3 millions sur Paris/Nice. Il y a, par contre, une réelle spécificité sur la destination algérienne qui n'est fréquentée, essentiellement, que par la communauté immigrée et par des hommes d'affaires algériens. Quant au partage des lignes, cela se décide en vertu des accords bilatéraux ; la répartition se fait en règle générale à 50% par pavillon de chaque pays. Entre l'Algérie et la France, ces accords ont été dénoncés depuis plusieurs années, mais, dans la pratique, leur attribution se fait dans le même esprit. Avez-vous l'intention de vous développer en Algérie ? Certainement, et cela va dans l'ordre des choses. Nous avons déjà lancé une recherche de locaux à Alger, Annaba, Béjaïa, Constantine et Oran. A. M.