Le président iranien élu, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, promet d'être à l'écoute des classes moyennes iraniennes que son élection inquiète au plus haut point et des préoccupations de nombreux pays étrangers sur la radicalisation tous azimuts qu'il envisage de mettre en œuvre en matière de politique étrangère. Alors qu'il a entamé ses consultations pour former son gouvernement, le candidat des laissés-pour-compte de la république islamique a tendu la main de l'amitié à la communauté internationale, inquiète par son programme que résume son recueillement sur la tombe de l'imam Khomeiny, tout de suite après l'annonce de sa victoire. La voie de l'imam reste la voie absolue de la république islamique, a-t-il proclamé, jurant de promouvoir une société islamique exemplaire et “puissante”. Le pur et dur Ahmadinejad sait néanmoins qu'à l'étranger, il n'a pas les mains aussi libres qu'il a laissé entendre à ses fidèles, ces déshérités que la révolution islamique a laissé tomber alors que les ayatollahs leur avaient promis une vie meilleure. Le nouveau président n'est pas resté insensible aux inquiétudes et aux critiques suscitées à l'étranger par son élection. Les Occidentaux ont vu en lui un homme intransigeant qui ne cache même pas sa volonté de poursuivre le programme nucléaire, notamment la maîtrise de l'enrichissement de l'uranium qui mène tout droit à la fabrication de la bombe atomique. Les voisins de l'Iran quand à eux sont inquiets par son engagement à promouvoir l'héritage de Khomeiny dont l'exportation du chiisme constitue la base stratégique. La menace est d'autant plus réelle que l'Irak, son voisin, est pratiquement entre les mains de chiites très liés aux ayatollahs de Téhéran. Alors qu'il avait promis pendant sa campagne électorale la fermeté sur cette question accusant même ses prédécesseurs de laxisme vis-à-vis de l'Occident, le nouveau président s'est plutôt voulu dans sa première déclaration consensuel et moins belliqueux, tendant la main de l'amitié à tous les pays mais se gardant d'évoquer les relations avec les Etats-Unis. Quoi qu'il en soit, le porte-parole des Affaires étrangères a, de son côté, assuré que l'élection de Ahmadinejad ne changerait pas la diplomatie iranienne. En fait, le président en Iran n'est rien devant le guide suprême de la révolution islamique et les institutions établies par les ayatollahs, comme le Conseil de discernement plus habilité que le Conseil constitutionnel. D. Bouatta