Le profil des arrivants distingue des individus diplômés, jeunes et francophones. Selon le recensement des services consulaires canadiens à Alger et algériens à Ottawa et à Montréal, la communauté algérienne établie au pays de l'érable avoisine les 50 000. Le besoin de migrants outre-Atlantique, conjugué à la dépréciation des conditions de vie intra-muros, pousse encore beaucoup de compatriotes à vouloir tenter l'aventure canadienne. L'exode a connu un grand essor durant la décennie noire. Appliquant la politique de la migration choisie, le Canada ouvre ses bras exclusivement aux diplômés. L'Institut de la statistique du Québec confirme le recours à la sélection des immigrants. Le profil dressé des algériens distingue trois critères : une très bonne qualification, la jeunesse et une bonne maîtrise de la langue française. Grâce à ce genre d'atouts qui constituent les principales conditions du ministère de l'immigration et des Communautés culturelles, les nôtres ont supplanté les candidats des autres nationalités, même les français. L'Office québécois de statistiques apporte la preuve par les chiffres. En six mois, de janvier à juillet 2006, la province a accueilli 20 519 migrants, dont 10,8% d'algériens, 7,6% de français et 6,4% de marocains. Selon La Presse, quotidien francophone montréalais, qui a consacré un long dossier à l'immigration algérienne dans son édition de vendredi dernier, auparavant, la palme était détenue par les chinois. En 2005, ce pays d'extrême-Orient était le principal pays pourvoyeur de migrants. En 2004, la France occupait la première place. Dans leur globalité, les ressortissants d'origine maghrébine forment la communauté la plus importante au Québec. Entre 2001 et 2005, 35 000 s'y sont établis contre 18 749 chinois et 16 273 français. D'après La Presse, le Québec en 2007 accueillera 48 000 migrants. Claude Fardette, porte-parole du ministère de l'immigration, cité par le journal, assure que “des ressources supplémentaires ont été allouées et une campagne d'information a été lancée” afin d'aider les candidats maghrébins à introduire leurs demandes. En 2004, 18 400 demandes en provenance de cette région étaient en attente. Bien qu'il soit une destination lointaine, le Canada est devenu un eldorado pour les algériens. Sans doute les restrictions à l'immigration en Europe, notamment en France, premier pays francophone, y sont pour quelque chose. L'ouverture dans une année d'une ligne aérienne entre Alger et Montréal vaincra certainement les atermoiements des plus hésitants. Dans son article, La Presse évoque l'existence au cœur de Montréal d'un quartier où se concentre la population maghrébine. Naguère, c'était le bastion des italiens et des chinois. S. L.