Une grève générale illimitée ou une marche nationale ont été envisagées par les membres du secrétariat national de la Centrale réunis hier à la Maison du peuple. L'UGTA menace d'aller vers d'autres actions de protestation plus radicales : une grève générale illimitée ou une marche nationale. C'est ce qu'ont exprimé, hier, l'ensemble des membres du secrétariat national de la Centrale syndicale ainsi que les représentants des fédérations du secteur public économique réunis hier à la Maison du peuple (Alger). “Nous envisageons toute éventualité et nous sommes prêts à aller même vers l'affrontement s'il le faut. On ne reculera, ce faisant, sous aucun prétexte et devant rien”, a lancé tout de go Mohamed Badreddine, secrétaire national chargé du dossier économique auprès de la Centrale syndicale à la nombreuse assistance exprimant plus que jamais sa disponibilité à aller vers une autre grève générale. Après la réussite “totale” des deux journées de grève générale auxquelles a appelé l'UGTA les 25 et 26 février dernier, ses responsables s'indignent de l'ambivalence qui frappe la position du gouvernement s'agissant de la concertation avec le partenaire social sur les dossiers économiques. “Le dialogue avec le Chef du gouvernement aura lieu, car il a exprimé son entière disponibilité pour ce faire. En plus, M. Benflis s'est exprimé en faveur d'une bipartite qu'on organisera ensemble. Mais notre inquiétude est que le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement (Hamid Temmar, ndlr) n'attend pas, il fait fi de ce dialogue et poursuit sa politique de privatisation sauvage”, a indiqué Mohamed Badreddine sur un ton des plus graves. Cette même position a été exprimée par les membres du secrétariat national dont Salah Djenouhat, le chargé des dossiers des privatisations, qui a souligné qu'“on se pose sérieusement des questions sur la réponse des pouvoirs publics et son incohérence face à la grève générale de l'UGTA”. Exprimant ouvertement par ailleurs son mécontentement, Djenouhat dira sur un ton des plus menaçants : “La balle n'est plus dans notre camp. S'il y a un dialogue sérieux et fructueux, c'est bon, sinon, on leur montrera que rien n'est possible sans les travailleurs.” Les secrétaires généraux de l'ensemble des fédérations d'entreprise du secteur économique que compte l'organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd qui ont pris la parole ont également abondé dans le même sens. De même que la déclaration finale sanctionnant la rencontre d'hier et adoptée à l'unanimité par l'ensemble des participants est venue appuyer les positions de l'état-major de l'UGTA s'agissant de l'impératif de la concertation avec le partenaire social : “On dénonce avec la plus grande vigueur la persistance de certains ministres (Hamid Temmar, Noureddine Boukrouh et Chakib Khelil, ndlr) à travers leurs attitudes et déclarations dans leur ignorance la plus totale au partenaire social et leur soutien à une politique économique rejetée par l'UGTA.” De l'avis de M. Badreddine, les ministres du Président, représentés du reste par le trio Temmar-Boukrouh-Khelil, “sont en train de tout faire pour qu'il n'y ait pas de dialogue et pour qu'il n'y ait pas de bipartite”. Car cette bipartite implique, explique-t-il, “une volonté commune d'aller vers un consensus”. La Centrale syndicale dénonce, par ailleurs, l'utilisation des services de sécurité pour faire peur au partenaire social en vue de lui faire accepter les privatisations. “Des bureaux d'études et d'évaluation sont venus dans les cimenteries et le partenaire social voulait réagir, mais il a trouvé devant lui quatre fourgons de policiers”, a indiqué le secrétaire général de la fédération des cimenteries, tout en précisant qu'“on a senti qu'il y avait une intimidation des travailleurs pour les amener à accepter les privatisations”. S'exprimant en outre sur les propos tenus par Hamid Temmar qui a trouvé dans le crash du Boeing 737-200 une occasion de revendiquer la privatisation d'Air Algérie, les représentants de l'UGTA ont regretté “l'exploitation de cet événement à des fins idéologiques ou peut-être obscures”. N. M.