La Centrale menace d'aller vers des actions plus spectaculaires si aucune suite n'est donnée à ses revendications. C'est ce qui a été décidé à l'unanimité à l'issue de la rencontre qui a regroupé les SG de l'union locale des 48 wilayas ainsi que les membres du secrétariat national. Les syndicalistes de divers secteurs névralgiques (douanes, Snvi, pétroliers, ports, chemins de fer etc.) ont pris part à cette rencontre à l'appel de l'Ugta. A noter que durant les deux jours de grève générale, un service minimum a été décidé pour Air Algérie (afin d'assurer un bon déroulement du retour des hadj) la santé et le secteur pétrolier. Il faut dire que Sidi Saïd a, encore une fois, prouvé sa force de mobilisation en réussissant à drainer un grand nombre de personnes à cette rencontre qui se veut «un avertissement à l'endroit des pouvoirs publics afin qu'ils revoient leur démarche de privatisation». Autrement dit, si aucune réponse n'est formulée et aucune réaction enregistrée «d'autres actions seront envisagées». L'intervention du SG de l'Ugta s'est voulue une expression du refus quasi total du processus de privatisation initié par les pouvoirs publics, qui, selon Sidi Saïd, «porte atteinte aux droits des travailleurs». Usant d'un ton ferme, le SG a engagé un véritable bras de fer avec les pouvoirs publics menaçant de monter au créneau si «aucune réponse n'est fournie par les pouvoirs publics sur certains dossiers relatifs à la revalorisation des salaires et au dossier de la Fonction publique». En somme, le SG de l'Ugta a été intransigeant sur la question de la privatisation des hydrocarbures et a exigé «une confirmation officielle du retrait du dossier des hydrocarbures de la liste des secteurs à privatiser». Dans un deuxième temps et après avoir dressé un bilan catastrophique du contexte social, M.Sidi Saïd a exigé «la modernisation de la sécurité sociale et de la retraite et la transparence dans l'application du processus de privatisation engagé», insistant sur «l'impérative participation du partenaire social». Un large débat s'en est suivi, il a permis à tous les présents de s'étaler sur les conséquences négatives induites par la privatisation engagée. Pour l'heure, il faut dire que la plupart des présents ont montré des signes de solidarité inconditionnelle «aux actions devant être entreprises par l'Ugta». La Centrale, qui tire la sonnette d'alarme depuis de nom-breux mois, exige une amélioration notable et substantielle des salaires de l'ensemble des travailleurs en revalorisant ces derniers, mais aussi le Snmg afin que même le secteur privé, que la Centrale tente d'investir par la grande porte soit lui aussi concerné. Sidi Saïd, donnant l'air d'être très sûr de lui, a martelé que «cette grève de deux jours n'est qu'un avertissement», ajoutant: «Si les pouvoirs publics ne donnent pas suite à nos revendications, nous n'hésiterons pas un seul instant à aller vers des mouvements de plus grande envergure». En clair, le risque de grève nationale et illimitée plane de nouveau sur le pays, ce qui n'a jamais été le cas en Algérie indépendante depuis l'Ugta du défunt Abdelhak Benhamouda durant l'année 95. En attendant, Abdelmadjid Sidi Saïd s'est voulu quand même rassurant en précisant qu'«un service minimum de qualité sera assuré puisque les raffineries continueront de fonctionner (une déclaration qui écarte définitivement le scénario vénézuélien et qui confirme que la Centrale n'est pas entrée en campagne contre le Président comme ont essayé de le faire accroire certains cercles hostiles à un second mandat de Bouteflika). Les hadj seront normalement transportés, le carburant sera régulièrement distribué dans les stations-service et les produits de première nécessité ne manqueront pas». Ce n'est pas tout. Comme annoncé précédemment, la bipartite a bel et bien été ajournée depuis que les résolutions très positives adoptées par le Chef du gouvernement ont été ignorées par les deux ministres dont la politique ne plaît pas à l'Ugta. La bipartite, en revanche, aura quand même lieu, mais après la grève et, sans doute, à la suite de l'intervention directe et express du Président de la République qui pourrait lâcher encore du lest social, comme il l'avait fait au mois de septembre dernier, en revalorisant les salaires. Un soutien a été exprimé par l'assistance au peuple irakien. A cet effet, il sera question, dans la première semaine de mars, d'un meeting à Alger pour «sensibiliser l'opinion sur le non-sens de cette guerre et pour exprimer son refus».