La version de la direction, confirmée par de nombreux témoignages, accable l'organisation estudiantine. Celle-ci s'en défend. Explications. Cinq étudiants, membres de l'UGEL (Union générale des étudiants libres) ont été entendus, dimanche, par le procureur de la République près le tribunal d'El-Harrach (Alger) suite à des incidents à la cité universitaire Bouraoui-Amar. Après audition, ces étudiants ont été placés en liberté provisoire au moment où deux de leurs camarades ne se sont toujours pas présentés malgré les convocations du tribunal. Le procureur de la République a retenu cinq chefs d'inculpation contre eux : destruction volontaire de biens de l'Etat, troubles à l'ordre public, insultes et injures contre un fonctionnaire (le directeur de la cité en l'occurrence) dans l'exercice de ses fonctions. Le procureur a précisé, hier, que l'instruction suit son cours et que les deux "fuyards" étaient tenus de se présenter. Ils risquent de compliquer leur cas. Selon des témoignages concordants, l'organisation estudiantine, supposée être proche du MSP, ce qu'elle a toujours démenti du reste, s'est adonnée, mercredi dernier, à des actes de vandalisme à l'intérieur de la cité, prétextant des problèmes d'eau et de nourriture. Selon la version fournie par la direction de Amar-Bouraoui, les membres de l'UGEL ont commencé par initier une sorte de rébellion, de désobéissance civile, appelant en effet à une journée a priori syndicale : “Nourriture sans ticket”. Leur action avait pour but avancé de revendiquer une prétendue amélioration des conditions de vie, notamment une meilleure disponibilité de l'eau et l'amélioration des menus servis au restaurant universitaire. Ils sont finalement vite passés aux actes, renversant deux citernes d'eau, censées justement constituer des réserves de (ce) précieux liquide, brisant le portail d'entrée de la cité et arrachant l'enseigne du modeste siège de la direction. Il était près de 22h. L'arrivée, pourtant réclamée, du directeur ne les a pas rassurés. Il a fallu l'intervention de la police pour ramener le calme. Injuriés, insultés, le directeur et certains autres responsables de l'établissement ont porté plainte. Mais les rassemblements de l'organisation n'ont pas cessé pour autant. Et les citernes étaient toujours en proie à la furie des étudiants islamistes. Les portes de la direction ont été, selon un représentant de cette dernière, forcées et défoncées. Au lendemain du retour de leurs camarades du tribunal, ils ont tout bonnement occupé le bureau de M. Bouhara, le directeur, réclamant cette fois un représentant de l'Onou, l'organisme gérant les œuvres sociales universitaires. Lequel représentant fut délégué, lundi, et promis de rencontrer l'ensemble des associations agréées ou reconnues. Le secrétaire général de l'UGEL, Fayçal Bentaleb, réfute totalement la thèse de l'action politique, défendue par le reste des associations et organisations. “L'action de notre bureau de Bouraoui était purement syndicale ; elle est vraiment loin des intentions politiques qu'on lui prête”, nous a-t-il déclaré. M. Bentaleb reproche au directeur de Bouraoui de “vouloir politiser les opérations syndicales”, voire de “marquer une nette différence entre les organisations y activant”. “Nos éléments, a-t-il soutenu, se sont plaints des conditions de vie à l'intérieur de la cité, le directeur a tenté d'amplifier les faits et de leur donner une connotation politique.” La cité universitaire Amar-Bouraoui abrite près de 3 000 étudiants. Un nombre important de clandestins y réside également. Une opération-test de vigiles, menée récemment, a permis de neutraliser un nombre aussi important de ces “clandos”. Or ces derniers servent parfois de supplétifs aux rangs islamistes. L. B.