Le document souligne que la manne pétrolière devrait servir à faire émerger de nouveaux moteurs de croissance , notamment “un secteur privé innovant et dynamique capable de rivaliser avec l'industrie pétrolière”. “La croissance du produit intérieur brut est fort nourrie par les grands projets gouvernementaux d'exploitation de gisement de gaz, de construction de logements, etc., les projets de développement du secteur privé qui doit prendre le relais du secteur public en tant que moteur de la croissance tarde à porter leurs fruits et le chômage demeure élevé, autour de 15% de la population, mais deux fois plus élevé chez les jeunes.” C'est ce que relève le Forum euro-méditerranéen des instituts économiques (Femise) dans son dernier rapport sur le partenariat euro-méditerranéen dans sa partie consacrée à l'Algérie. “La croissance du PIB par habitant est très étroitement corrélée avec celle du PIB réel qui dépend elle-même des performances des secteurs agricole et industriel, signe que les gains réalisés dans le secteur des hydrocarbures sont bien redistribués”, relève le document. Pour autant, le poids du secteur industriel est écrasant. Il compte pour 54,9% de la valeur ajoutée en 2005 (6,8% pour le secteur manufacturier) contre 34,3% pour les services et 10,8% pour l'agriculture. Du coup, le Femise estime que l'économie algérienne, “n'est pas diversifiée et est, de ce fait, très vulnérable à l'évolution des prix du pétrole”. En outre, constate le Femise l'aide du gouvernement en faveur du développement du secteur privé n'a pas encore d' effets très marqués. “L'environnement des affaires n'est pas suffisamment incitatif bien que des progrès aient été faits en matière d'accès aux moyens de financement”, souligne le document, suggérant la mise en place de mesures (fiscales et autres) qui pourraient être financées par les recettes pétrolières. “La transformation de ces fonds en une croissance durable soutenue et en création d'emploi est le principal challenge auquel fait face l'économie algérienne”, estime le Femise. Pour autant, averti cet organisme, l'argent du pétrole ne peut servir le développement du secteur privé que si les banques jouent pleinement leur rôle d'intermédiaire financier, ce qui n'est pas le cas. Le document constate que les coûts liés à la création d'entreprise sont encore élevés, ce qui explique le faible nombre de PME-PMI pour 1 000 habitants (10,3 contre 42,8 pour la Pologne ou 56,6 pour la Turquie) et de leur contribution à l'emploi (10,4% contre 60-70% dans l'UE-15, 64% en République tchèque, 76,7% en Turquie). “Des mesures incitatives compensatrices doivent être trouvées qui seront aisément financées par les recettes pétrolières”, suggère le Femise. Le document explique que les exportations de produits pétroliers, principalement, et leur progression ne devraient pas faiblir face à un marché qui restera tendu du fait des incertitudes politiques liées aux élections au Nigeria et au Venezuela, à la rareté de nouvelles découvertes de gisements, au manque d'investissement en infrastructures et à l'importance persistante des besoins des pays émergents, telles l'Inde et la Chine. La Banque centrale a accumulé suffisamment de réserves pour être en mesure de faire face à toute pression. Seulement, le Femise juge le régime de change adopté par la Banque d'Algérie “certainement coûteux en termes d'émergence de sources alternatives de croissance parce que les imports proviennent, dans une large part, de l'UE et qu'il n'encourage pas suffisamment le développement du secteur privé”. Le Femise soutient que les principaux moteurs de la croissance, à côté de l'investissement, sont les échanges. Seulement, les effets prix sont très importants et les exportations hors hydrocarbures doivent être développées et leur compétitivité renforcée. Le document évoque les flux financiers sortants, croissants et conséquents, générés par les investissements étrangers, que l'économie peut absorber sans problème aujourd'hui. Pour autant, le Femise s'interroge si la manne pétrolière permettra de faire émerger de nouveau moteurs de croissance. Le Femise évoque des études montrant que globalement, “le comportement des autorités quant à l'utilisation des recettes pétrolières est nettement plus prudent que lors du précédent boom”. La récente accélération de l'investissement pose néanmoins des questions sur la capacité de l'Algérie de gérer ces ressources additionnelles, à poursuivre ses réformes (climat des affaires, gouvernance, privatisations) et de faire émerger un secteur privé innovant et dynamique, capable de rivaliser avec l'industrie pétrolière en tant que moteur de croissance. Meziane Rabhi