Le Hezbollah fait monter les enchères politiques en exigeant, sous la menace d'un recours à la rue, un cabinet d'union nationale, une proposition rejetée par la majorité qui y voit la main de Damas. Le chef du puissant Hezbollah chiite, Hassan Nasrallah, a menacé mardi de recourir à des manifestations si le dialogue prévu dès lundi sur la formation d'un gouvernement d'union nationale échouait. Tout en insistant sur le caractère pacifique d'un éventuel recours à la rue pour obtenir gain de cause, Hassan Nasrallah a donné une semaine à la majorité antisyrienne au pouvoir pour accepter l'élargissement de l'actuel gouvernement ou la formation d'un nouveau cabinet. “Nous obtiendrons un gouvernement d'union nationale par tous les moyens pacifiques et démocratiques”, a-t-il souligné lors d'un long entretien de trois heures sur la chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar. “Ces manifestations ne seront pas seulement l'occasion de demander un cabinet d'union mais aussi des élections anticipées”, a-t-il lancé. La réponse des dirigeants de la majorité antisyrienne — au pouvoir après le départ des soldats de Damas du Liban en avril 2005, ce qui a mis fin à trois décennies de tutelle — n'a pas tardé. “Il n'est pas question de voir le retour de la Syrie au sein du gouvernement”, à travers le Hezbollah et ses alliés, a déclaré mercredi le ministre des Télécommunications, Marwan Hamadé. À Washington, où il a eu de nombreuses rencontres avec les responsables américains, le chef druze et l'un des dirigeants de la majorité, Walid Joumblatt, a abondé dans ce sens. Un cabinet d'union nationale renforcerait le Hezbollah et le courant du général chrétien Michel Aoun, et conduirait à la “paralysie de la vie politique”. R. I./Agences