Le Foreign Office estime qu'il y a “une menace continue de terrorisme”. Il exhorte les ressortissants britanniques se rendant dans notre pays à une plus grande vigilance. Il leur demande notamment de ne pas prendre la route de nuit et d'éviter certains endroits, dont les lieux fréquentés par les étrangers. Les autorités britanniques viennent de revoir à la hausse les risques de déplacement de leurs ressortissants en Algérie. Le travel warning publié par le Foreign Office a fait l'objet d'une mise à jour le 3 novembre dernier. Les derniers attentats à la bombe, ayant ciblé les commissariats de Réghaïa et de Dergana (le 29 octobre) et le siège de sûreté d'El-Harrach (le 19 octobre), sont à l'origine de ce regain de prudence. Le conseil aux voyageurs en fait mention. Même s'il assure que le niveau d'alerte n'a pas changé, l'avis exhorte les sujets de Sa Majesté séjournant dans notre pays à une plus grande vigilance, comme ne pas prendre la route de nuit, dans le nord de l'Algérie. “Il y a une menace continue de terrorisme en Algérie. Vous risquez d'être attrapés lors d'attaques de groupes terroristes si vous voyagez par route dans certaines régions du nord de l'Algérie”, avertissent les services du ministère des Affaires étrangères et l'ambassade du Royaume-Uni à Alger. Dans la section “sûreté et sécurité”, le travel warning ne se contente pas de rappeler les derniers attentats, mais fait un bilan très sombre de la situation sécuritaire globale. “Bien que la plupart des attaques soient dirigées contre les forces de sécurité, il y a eu des actes de violence armée contre des civils et des villages. Les autobus et d'autres véhicules sont des cibles, en particulier dans des faux barrages”, observe-t-il. Par ailleurs, il rapporte qu'entre “mai 2005 et août 2006, il y a eu plusieurs attaques à la bombe dans des stations balnéaires et sur des plages, dans la région de Boumerdès. Les attaques semblent avoir ciblé les forces de sécurité, mais ont eu lieu dans des secteurs publics causant des morts et des dommages”. La menace contre les étrangers, brandie par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) le 12 juin 2004, est un motif de dissuasion supplémentaire du Foreign Office. “Vous devriez vous rendre compte du risque global des attaques aveugles des terroristes, qui peuvent bien viser des civils, y compris des endroits fréquentés par des étrangers”, est-il encore indiqué. Les recommandations aux voyageurs sont au nombre de sept. Les déplacements dans certaines régions du pays, comme la Kabylie, Boumerdès et ses environs, Médéa, l'Ouarsenis, les frontières avec la Tunisie et la Mauritanie sont vivement déconseillés. Dans la liste des principales menaces, les kidnappings sont cités. Profondément traumatisée par les attentats de Londres en 2005, la Grande-Bretagne paraît très sensible aux moindres altérations du climat sécuritaire, que ce soit à l'intérieur de son territoire ou à l'extérieur. Pour preuve, ce pays est le seul parmi ses voisins du Vieux continent et de son allié anglo-saxon ayant réévalué la menace terroriste sur ses ressortissants en voyage en Algérie. Ni le Quai d'Orsay ni le département d'Etat ont jugé utile d'élever le niveau de vigilance, suite aux attentats de Réghaïa et de Dergana. À titre d'exemple, le conseil aux voyageurs publié par les autorités françaises n'est aucunement alarmiste. Dans une dernière version datant du 25 août 2006, il indique que des “activités terroristes subsistent à Alger, Bouira, Béjaïa et Boumerdès”, mais qu'“un important dispositif est déployé dans les grandes agglomérations et les villes sont globalement sécurisées”. Ces dernières années, l'encouragement de très nombreux pieds-noirs à effectuer des pèlerinages dans les lieux de leur enfance, souvent à l'initiative de personnalités politiques hexagonales est le reflet de la reprise de confiance en la destination Algérie. Par ailleurs, l'attrait exercé par le marché algérien sur de nombreuses entreprises françaises a signé la fin de l'embargo. Pour l'Hexagone et plus globalement pour l'Europe, l'Algérie n'est plus un pays à risque et dont les ressortissants sont suspects. Ce mea-culpa s'exprime à travers l'augmentation du nombre de visas et la disposition de l'Union européenne à lever le principe de consultation dans l'octroi des autorisations d'entrée dans l'espace Schengen. La Grande-Bretagne, qui n'en fait pas partie, a elle aussi, assoupli les conditions de délivrance de visas aux Algériens, avec la dispense pour certaines catégories de se rendre dans son consulat en Tunisie. Ces facilitations sont intervenues cet été, au moment de la visite du président Abdelaziz Bouteflika à Londres. Ce séjour avait été couronné par la signature de l'accord d'extradition entre les deux pays ainsi que d'une série d'autres conventions d'entraide judiciaire. Il avait également permis au chef de l'Etat de rencontrer les hommes d'affaires britanniques. Dans le domaine des hydrocarbures, British Petrolum (BP) est une compagnie prépondérante chez nous. Néanmoins, sur le plan sécuritaire, il faut bien reconnaître que le Royaume-Uni est pusillanime, à juste raison d'ailleurs. En 2004, il fermait son ambassade à Alger et transférait ses bureaux à l'hôtel Hilton. Ce déménagement faisait suite aux attentats d'Ankara la même année. C'est encore lui qui a inspiré les dernières mesures de sécurité des compagnies européennes de transport aérien. Samia Lokmane