Après les Britanniques, c'est au tour des Américains de déconseiller la destination Algérie à leurs ressortissants en invoquant des menaces « sérieuses » d'attentats terroristes. Dans un communiqué diffusé vendredi soir, l'ambassade US à Alger a demandé à tous ses employés de restreindre leurs mouvements en Algérie, et à l'ensemble des ressortissants américains de ne pas s'y rendre. Dans le communiqué de l'ambassade des USA à Alger, il est indiqué qu'« en réponse aux signes persistants de possibles attentats à Alger, l'ambassade demande à ses employés d'éviter tout déplacement inutile autour de la ville jusqu'à nouvel ordre, n'excluant pas, par la suite, d'ordonner une restriction totale des mouvements et d'éviter les restaurants, les boîtes de nuit, les écoles et les églises connues pour être fréquentés par des étrangers ». Pour le responsable de la communication de la représentation diplomatique, ce communiqué n'est en fait qu'un « rappel » des consignes déjà rendues publiques, vers la fin du mois de décembre dernier. « Nous avons profité de l'annonce du changement des numéros de téléphone de l'ambassade pour rappeler à nos employés et à nos ressortissants qu'ils doivent rester vigilants parce que les menaces contre les étrangers restent toujours pesantes... », a déclaré le responsable. C'est en fait, le 23 décembre dernier que le département d'Etat a alerté ses citoyens des risques d'attentats en Algérie. « Le département d'Etat exhorte les ressortissants américains qui voyagent en Algérie d'évaluer attentivement les risques posés à leur sécurité personnelle (...). Des attentats à la bombe, des faux barrages, des enlèvements, des embuscades et des assassinats se produisent régulièrement, en particulier dans le nord de l'Algérie », lit-on dans le message du département d'Etat qui prévient que « le groupe qui a revendiqué le double attentat du 11 décembre a promis de nouvelles attaques contre des cibles étrangères, et plus précisément des cibles américaines ». Le gouvernement américain a estimé que « la menace potentielle » sur le personnel affecté à sa représentation diplomatique à Alger est « suffisamment grave pour exiger d'eux de vivre et de travailler dans d'importantes restrictions de sécurité ». Ces pratiques limitent le mouvement des fonctionnaires de l'ambassade des Etats-Unis dans certaines régions. Le gouvernement américain exige de l'ensemble du personnel de l'ambassade voyageant en dehors de la province d'Alger ou à La Casbah d'Alger d'obtenir la permission et d'avoir une escorte de sécurité. Le « Daily mouvements » du personnel de l'ambassade à Alger est limité, prudent et les pratiques en matière de sécurité sont obligatoires en tout temps. Les déplacements du personnel en dehors du centre-ville nécessitent une coordination préalable avec l'ambassade. De ce fait, le département d'Etat a recommandé à ses citoyens d'éviter de voyager dans les zones montagneuses du nord du pays, et particulièrement dans la zone qui s'étend de l'est d'Alger à la frontière tunisienne. Il leur a conseillé de prendre des mesures de sécurité « prudentes » pour s'assurer de toutes les notifications et de la coordination avec la police algérienne et les responsables de la sécurité pendant leur séjour. De même qu'il leur a demandé d'éviter les lieux fréquentés par les Occidentaux comme les bars, les restaurants, les lieux de culte ou les écoles et de maintenir « un profil bas ». Usant du même ton, le Foreing Office britannique a attendu trois semaines plus tard pour diffuser (le 16 janvier dernier), sur son site internet, un genre de « warning travel » à destination des Britanniques désireux de se rendre en Algérie. « La menace terroriste reste élevée en Algérie. En 2007, il y avait un certain nombre d'attentats à la bombe en Algérie. Il y avait deux explosions à Alger-centre, le 11 décembre 2007, causant plus de 30 morts. Les étrangers ont été visés par des terroristes. Vous devriez faire preuve d'une prudence extrême à tout moment, car des attaques terroristes pourraient être aveugles, y compris dans les endroits fréquentés par des expatriés et des voyageurs étrangers comme les restaurants, les hôtels et les centres commerciaux », précise le communiqué, qui déconseille vivement aux sujets de Sa Majesté de se déplacer vers l'Algérie. Pour ceux qui viennent en Algérie pour des raisons « essentielles », le Foreing Office a recommandé d'éviter six wilayas qualifiées de « sensibles », à savoir Béjaïa, Tizi Ouzou, Boumerdès, Blida, Médéa et Aïn Defla et de privilégier l'avion comme moyen de transport pour leurs voyages à l'intérieur du pays. Si les deux communiqués (américain et britannique) ont pour point commun le choix de la période de leur diffusion, ils comportent néanmoins des précisions assez troublantes relatives aux régions qui pourraient être la cible d'attentats terroristes. Mieux, les deux « warning travel » ont même cité les noms des quartiers à éviter, ce qui laisse supposer que les rédacteurs de ces documents officiels détiennent des informations précises sur les activités terroristes dans les régions citées. Il est vrai, et tout le monde le sait, que le GSPC a promis d'autres attentats kamikazes ciblant les bâtiments officiels et les étrangers, ce qui représente une menace sérieuse qui impose des mesures à la hauteur du risque, que ce soit par les ambassades ou par les services de sécurité. Mais, il est important que cette menace ne soit pas utilisée pour pousser à la panique et à la psychose, principal objectif recherché par les groupes terroristes à travers les attentats suicide.