Acculé de toutes parts en Israël, où sa cote de popularité est au plus bas, le Premier ministre israélien propose de rencontrer le président de l'Autorité palestinienne dans les meilleurs délais, alors qu'il refusait tout contact avec lui, il y a seulement quelques jours. Dans le but d'atténuer les retombées négatives du massacre perpétré par l'armée israélienne à Beit Hanoun, condamné par la communauté internationale, Ehoud Olmert parle maintenant de concessions que l'Etat hébreu serait disposé à faire. “Quand il s'assiéra avec moi, il sera surpris de voir jusqu'où nous sommes prêts à aller. Je peux lui proposer beaucoup”, a déclaré le chef du gouvernement israélien. Il s'agit là d'un discours nouveau, surtout que Olmert annonce qu'il est prêt à rencontrer Mahmoud Abbas “n'importe où, n'importe quand”. Mieux encore, le Premier ministre israélien affirme que si une telle rencontre n'a pas encore eu lieu, c'est la faute du président de l'Autorité palestinienne qui a empêché son déroulement. Versant des larmes de crocodile sur la mort des dix-huit Palestiniens dans la bavure de son armée, Ehoud Olmert dira : “Je suis très affligé”, en affirmant avoir examiné les causes de la tragédie. “Ce cas particulier (...) était une erreur. Ce n'était pas une attaque planifiée. C'était une erreur technique de l'artillerie israélienne”, assurera-t-il pour se justifier. Ce brusque revirement dans sa position s'explique, selon les analystes de la scène israélienne, par le fait qu'il déçoit de plus en plus ses compatriotes qui mettent en question son aptitude à diriger le pays. Le politologue israélien Akiva, qui évoque notamment les ratés de l'offensive lancée cet été au Liban par Israël contre le Hezbollah, estime que “c'est la plus grave crise de confiance du pays envers ses dirigeants depuis le traumatisme de la guerre du Kippour d'octobre 1973, la première guerre qu'Israël, un moment, a senti perdue”. L'écrivain David Grossman demande à Olmert de travailler pour la paix avec les Palestiniens. “Allez à la rencontre des Palestiniens, M. Olmert. Ne cherchez pas toujours des raisons pour ne pas leur parler. Regardez-les pour une fois autrement que par le viseur du fusil. C'est dans les situations de conflit et d'impasse que la simple miséricorde devient une force de la nature”, lui a-t-il lancé dans un discours à Tel-Aviv à l'occasion du 11e anniversaire de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin. Ceci étant, la main tendue en direction de Mahmoud Abbas qui intervient juste avant son départ, demain, à Washington pour discuter avec George W. Bush de la menace nucléaire iranienne, cache mal une volonté de noyer le poisson. Les analystes s'interrogent sur l'opportunité de cette rencontre entre deux dirigeants affaiblis, l'un privé de sa base parlementaire et qui était un fervent partisan des gouvernements de droite israéliens, l'autre de plus en plus contesté en Israël même et à l'étranger. En attendant, les Etats-Unis continuent à servir de parapluie à l'Etat hébreu au Conseil de sécurité de l'ONU, qui traite du massacre de Beit Hanoun à la demande des représentants arabes aux Nations unies. Les premiers débats on été marqués par un feu roulant de critiques contre Israël pour ses opérations militaires meurtrières dans la bande de Gaza, plusieurs pays appelant à un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens et à l'envoi d'une force de l'ONU pour le surveiller. “C'est du terrorisme d'Etat. Il s'agit de crimes de guerre, dont les auteurs doivent être tenus responsables selon le droit international”, a déclaré l'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, Ryad Mansour. Enfin, l'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) a enfoncé le clou, hier, en appelant Israël à diligenter “une investigation indépendante” sur le massacre de Beït Hanoun, jugeant insuffisante l'enquête interne menée par l'armée israélienne. K. ABDELKAMEL