Alors qu'il n'occupe aucune fonction officielle au sein de l'appareil étatique libyen, Saïf El Islam Mouammar Kadhafi, fils du guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, a été reçu par le roi du Maroc pour discuter des relations bilatérales. Ce qui n'était que de simples rumeurs, à savoir la préparation de la succession du chef de l'Etat libyen par son fils Saïf El Islam, commence à prendre sérieusement forme. Il suffit de prendre connaissance du nombre de missions et de leur importance que le colonel confie à son fils pour mesurer la nature du rôle de ce dernier dans la gestion des affaires de l'Etat. Ce genre d'activités est interprété par les opposants, réunis dans une organisation basée dans la capitale britannique et créée à la suite d'un congrès constitutif l'année écoulée, comme une volonté du guide de la révolution libyenne de le préparer à prendre sa place. En effet, même si Saïf El Islam Kadhafi n'occupe aucune fonction officielle dans les institutions étatiques libyennes, il a été accueilli lundi par le souverain marocain Mohammed VI en qualité d'envoyé spécial du chef de l'Etat libyen. Au cours de cette audience, selon la dépêche de l'agence de presse marocaine Maghreb Arabe Presse, les deux hommes ont discuté de “la ferme volonté des deux pays de renforcer davantage la coopération bilatérale dans différents domaines d'activité et de la rehausser au niveau des aspirations des deux chefs d'Etat”. Selon la même source, “la visite au Maroc de Saïf El Islam Mouammar Kadhafi s'inscrit dans le cadre de la consolidation des liens d'amitié et de coopération entre le royaume du Maroc et la grande Jamahiriya arabe libyenne, conformément aux orientations de SM le roi Mohammed VI et du guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi”. Cette mission, qui n'est toutefois pas la première du genre, renforce les opposants de Kadhafi dans leurs convictions que la Libye est sur les traces de la Syrie quant à la succession à la tête de l'Etat. Pour rappel, Hafed al Assad avait minutieusement organisé sa succession en permettant à son fils Bachar al Assad, aujourd'hui président de la Syrie, de prendre les rênes du pouvoir avec l'assentiment de toutes les personnalités et institutions syriennes. À moins d'un revirement inattendu, le colonel Mouammar Kadhafi semble emboîter le pas au défunt président syrien. Par ailleurs, le déplacement officiel de Saïf Al-Islam Kadhafi, comme représentant de son père, vient mettre un terme aux nombreuses rumeurs faisant état de son retrait des affaires de l'Etat, notamment celle l'annonçant en qualité de haut fonctionnaire au sein d'un important organisme financier international. Un haut diplomate libyen a confié à une agence de presse internationale, sous couvert de l'anonymat, que Saïf El-Islam “restait l'émissaire préféré de son père et n'avait pas fait ses adieux à la politique”. Il a également ajouté que le fils de Kadhafi “a été reçu par le roi en qualité d'émissaire de Kadhafi. Si l'information selon laquelle Islam quittait son pays pour aller travailler à l'étranger laissait entendre qu'il quittait la politique libyenne, sa visite au Maroc donne à penser le contraire”. Ceci étant, Saïf El-Islam demeure le meilleur interlocuteur libyen des Américains et des Occidentaux de manière générale, d'où l'impossibilité de le voir quitter facilement le giron du pouvoir libyen. K. ABDELKAMEL