Comme tout produit rare, le foncier urbain attise toutes les convoitises. L'enjeu se mesure en millions de dinars et tous les… faux sont permis. La spéculation dans le foncier urbain qu'ont connue les villes d'Aïn Beïda, d'Aïn M'lila et d'Aïn Fakroun, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, durant ces dernières années, s'est répercutée sur le prix du mètre carré de terrain à bâtir qui a atteint des plafonds excessivement élevés, frôlant, par endroits, l'inimaginable. Même après la création de l'agence foncière de wilaya, des affaires ont éclaté au grand jour au mois de mai dernier, comme celle de la vente à Aïn M'lila de 12 lots de terrain “imaginaires”, suite à une falsification de documents, ou encore celle de la falsification de documents concernant un lot de terrain dans un lotissement à Aïn Beïda. Dans les 2 cas, la justice a été saisie. Le 28 octobre dernier, un citoyen d'Aïn Fakroun, ayant appris le choix d'un terrain par la commission de daïra pour la réalisation d'une bibliothèque communale, s'est présenté à l'agence pour l'achèvement des formalités de vente et l'acquisition de l'acte de propriété de ce terrain. Autrement dit, soit pour annuler l'inscription du projet d'utilité publique, soit pour réclamer, par la suite, des indemnisations. Ainsi, ce citoyen prétendait en être le propriétaire avec comme preuve une attestation administrative datée du 8 avril 2006 et portant le numéro de référence 776, ainsi qu'un reçu de virements bancaires du prix d'achat. Il s'avérera, par la suite, que l'attestation en question était fausse et que les services de l'agence n'ont pas du tout procédé à la vente dudit terrain. Suite à quoi, l'agence a mené son enquête sur la base de l'attestation présentée et est arrivée à la conclusion que cette dernière est falsifiée et n'a pas été délivrée par l'agence. De plus, le numéro de référence correspond à celui d'un bénéficiaire dans un autre lotissement, en l'occurrence El Wafa à Aïn M'lila. En outre, à la date du 8 avril 2006, seules 8 attestations numérotées ont été délivrées. Les numéros vont au-delà de 840. Pourtant, ce citoyen a bel et bien effectué le versement de 24 millions de centimes à la BDL d'Oum El Bouaghi ! Selon le directeur de l'agence foncière de wilaya, il a été constaté, après vérification, que l'ordre de versement était lui aussi falsifié. Notre interlocuteur a encore précisé qu'“une plainte a été déposée au niveau du tribunal d'Oum El Bouaghi contre la personne ayant présenté l'attestation pour initiation et falsification, ainsi que contre quiconque aura fait l'objet de complicité avec elle”. Pour plus de précisions, le lot en question, de 300 mètres carrés, est une poche située en milieu urbain, soit près du nouveau lycée, sur la route d'Aïn Kercha. Sa valeur marchande est inestimable. B. Nacer