Des parents de martyrs du Printemps noir se sont exprimés jeudi, lors du conclave extraordinaire de la CADC tenu à Tizi Rached, sur les indemnisations que le DAL a révélées lors d'un point de presse, mercredi dernier. Il avait annoncé que les 100 millions que la Fondation des mosquées avait remis aux parents des victimes du Printemps noir constituaient en fait la première tranche des indemnisations que l'Etat a consacrées en vertu dans le cadre du décret présidentiel. “Nous ne savons comment dénoncer ces manœuvres”, nous confiera Dda Saïd Mokrab, père d'un martyr de Larbaâ Nath-Irathen. Il relatera, comme d'autres parents de victimes, comment les faits s'étaient produits depuis le déclenchement des évènements, défiant l'administration de produire des récépissés de dépôt d'un quelconque dossier d'indemnisation. “Les deux imams, celui de mon village et celui de Larbaâ Nath-Irathen, accompagnés d'une dizaine d'autres, sont venus à la maison quelques jours après l'assassinat de mon enfant, avec un chèque, nous suppliant de l'accepter, en nous le présentant comme un don, une aide pour les familles démunies collectée au niveau des mosquées, et qu'il fallait à tout prix ne pas rejeter. Nous leur avions pourtant posé la question de savoir si l'argent n'avait pas de lien avec le pouvoir, on nous a répondu que non, que c'était celui du peuple. Par sentiment religieux, nous avons alors pris le chèque, mais nous ne l'avons jamais camouflé”, révélera Dda Saïd. Khaled Guermah est allé plus loin, en affirmant posséder un enregistrement de son entretien avec les imams qui avaient à l'époque insisté au point d'envoyer de nombreux intermédiaires chez lui, il avait à maintes reprises refusé de percevoir la somme des 100 millions de centimes. “Je refuse le chantage de ces ingrats assoiffés de pouvoir”, dira-t-il. Et de poursuivre : “Je vous prie de croire, ayant prêté serment à mon défunt enfant ainsi qu'à tous les autres martyrs qui l'ont suivi, que ma position reste inchangée et que je reste déterminé à poursuivre le combat pacifique jusqu'à ce que justice soit rendue dans toute sa transparence et dans toute son intégralité telle qu'exigée par le noble mouvement citoyen dans la plate-forme de revendications d'El-Kseur.” Khaled Guermah s'était pourtant assuré que l'argent ne provenait ni de l'Etat, ni du pouvoir, ni de la wilaya. Enregistrement à l'appui, les représentants de la Fondation des mosquées de la wilaya de Tizi Ouzou avaient affirmé qu'il s'agissait d'un don de musulmans bienfaiteurs qu'il fallait tenir secret. Khaled a d'ailleurs refusé les 10 millions de centimes que la DAS a voulu lui remettre. Le père de la première victime des évènements menace de déposer plainte et a invité les gens qui lui avaient remis le chèque à venir le récupérer puisqu'il ne l'a pas utilisé. K. S.