Hezbollah, après avoir claqué la porte dans le gouvernement d'union nationale, le menace de représailles pour avoir entériné le projet de Tribunal international sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Le parti chiite, qui déclare représenter trois quarts de la population libanaise, estime que ce tribunal est un défi au camp “prosyrien”, toujours présent malgré la victoire de ses opposants aux législatives du printemps dernier. Le gouvernement Siniora, réduit à 17 membres sur 24 après la défection de 6 ministres du Hezbollah, avait pris la décision de valider la création du tribunal, en l'absence du camp d'opposition prosyrien, qui le considère comme “illégitime”. Le chef du groupe parlementaire du puissant parti chiite, Mohammad Raâd, devait renouveler, hier, les menaces de Hezbollah d'organiser des manifestations populaires une fois écoulée la période de deuil suivant l'assassinat, le 21 novembre, du ministre chrétien Pierre Gemayel. “La majorité a encore une chance jusqu'à la fin de la période de deuil et devrait saisir cette occasion, sans quoi elle va se plonger elle-même dans un trou noir”, a-t-il menacé. Selon l'usage, le court deuil pendant une semaine à compter de la date des funérailles, le 23 novembre. En réalité, Hezbollah, auréolé de son héroïque résistance durant l'invasion israélienne de l'été, menace depuis le début du mois d'organiser des manifestations pour obtenir une représentation accrue au sein du gouvernement, en vertu de son score aux législatives. Les 6 ministres chiites de la coalition gouvernementale, appartenant au Hezbollah et au mouvement Amal du président du Parlement, proches de Damas, avaient démissionné le 11 novembre en accusant la majorité anti-syrienne de refuser pour eux et pour leurs alliés chrétiens une place élargie au sein du gouvernement. Les ministres démissionnaires ne reviendront pas sur leur décision sans garantie d'une entière participation au processus de décision politique, a assuré Raâd, invitant la majorité à assumer la responsabilité de sa loi hégémonique. Le Premier ministre, Fouad Siniora, conscient de l'étroite marge de manœuvre de son gouvernement, fait appel au sens patriotique du Hezbollah pour éviter une crise institutionnelle à un pays qui vient d'entamer sa reconstruction. D. Bouatta