Douze jours après sa visite à Alger, le ministre de l'Intérieur français a envoyé un message de vifs remerciements au président de la République. Ainsi, malgré la retenue qui a caractérisé ce voyage, Nicolas Sarkozy a affiché une certaine joie sur le déroulement de son séjour à Alger. Il est aussi revenu sur l'importance, pour lui, de ce voyage qu'il avait pourtant placé sous “la tutelle” du président Chirac avec lequel il l'avait préparé. Importance sur laquelle il insistera et reviendra étant donné que la visite était politique. Cela d'autant qu'elle intervient dans une conjoncture française marquée par, d'une part, la précampagne pour la présidentielle de 2007, et, de l'autre, la lutte sans merci au sein même de l'UMP autour de la candidature. Les observateurs n'ont pas manqué de relever l'arrière-pensée de ce voyage perçu comme une quête de soutien. Nicolas Sarkozy, en potentiel candidat de l'UMP, a bien besoin de peaufiner sa carrure internationale, entre autres. Son constat sur son contact avec le président de la République, l'entretien qui a duré cinq heures le mardi 14 novembre, est révélateur de cette recherche à la fois d'étoffer “sa carte de visite”, mais aussi de se placer dans la position de celui qui a réussi à “apaiser” le climat entre Alger et Paris. Il avoue son admiration pour le président Bouteflika, sa vision et son analyse sur les différents dossiers qu'ils ont abordés ensemble. “La pertinence de vos analyses sur la relation bilatérale comme sur les grandes questions internationales suscite mon plus grand respect”, a écrit M. Sarkozy en soulignant : “J'ai constaté avec plaisir que nous partagions un grand nombre de préoccupations.” Mieux qu'un simple partage de points communs, le ministre français suggère dans son message vouloir un rapprochement avec le Président. “Sachez que j'ai passé en votre compagnie des moments particulièrement agréables et enrichissants”, a-t-il ajouté. En clair, Nicolas Sarkozy souhaite une relation d'amitié comme celle qui existe entre Bouteflika et Chirac. Il est également revenu sur les relations bilatérales, mais en parlant dans la position d'un acteur, du partenaire de premier ordre appelé à jouer un rôle plus important dans la construction ou la refondation de ces relations. “J'ai également été heureux de recueillir vos analyses si sages sur le sens de l'amitié franco-algérienne à laquelle, comme vous, j'attache la plus grande importance. Vous pouvez compter sur ma détermination à ancrer cette relation dans l'avenir, car elle doit servir de modèle d'association pour l'ensemble des relations entre la Méditerranée et l'Union européenne”, a-t-il souligné. En voulant redimensionner cette relation, M. Sarkozy se place déjà dans la perspective lointaine de l'après-présidentielle de 2007 en France. Il est d'autant plus à l'aise dans ce rôle que les sujets qui risquaient de fâcher ont été éludés lors de cette visite, et qu'il s'est présenté avec sa multiple casquette — même s'il s'en est défendu — de représentant du président Chirac, membre du gouvernement et premier responsable de l'UMP. Djilali B.