L'Algérie prend pour deux ans la présidence du Haut-Conseil universitaire et de recherche algéro-français qui vient de tenir une session à Paris. Au professeur Lucius succédera le professeur Bénali Benzaghou, le vice-président, recteur de l'université de Bab-Ezzouar dont le nom restera lié à la commission de réforme du système éducatif. Il hérite de deux dossiers de coopération majeurs, dont les premières idées devraient être examinées au mois d'avril à la prochaine rentrée du Haut-Conseil : il s'agit de l'université franco-algérienne et de la faculté mixte de médecine qui sera centrée uniquement sur les spécialités. Sur un autre projet, celui de l'institut supérieur de technologie qui sera basé à Alger, la réflexion a bien avancé déjà. Il s'agira de doter le pays des experts qui lui font défaut à l'heure où s'y opèrent de grandes transformations liées à l'économie de marché et à la mondialisation. Le Haut-Conseil est à l'écoute des demandes de l'Algérie auxquelles la France essaiera de répondre, comme le dit M. Benzaghou. Avec un effectif global de 90 000 étudiants et 60 établissements de formation supérieure, l'Algérie souffre cruellement d'un manque de professeurs aggravé par la fuite de cadres durant la décennie de violence. La formation par la coopération interuniversitaire est une des thérapies proposées, comme l'explique la rectrice de l'université de Boumerdès, Rafika Kesri, qui préside le bureau de la conférence des universités algériennes. Dans ce cadre, le ministère offre 400 bourses pour des périodes de 12 à 18 mois afin de financer les fins de thèse. On favorise aussi la mobilité avec la possibilité de se rendre à des séminaires et à des conférences ou à des stages de courte durée. Le constat apparaît positif. Les professeurs formés dans le cadre de cette démarche reviennent au pays où ils ont déjà une position sociale. La suppression des bourses aux bacheliers qui, eux, préféraient l'exil une fois la formation acquise, paraît a posteriori comme une mesure judicieuse. Alors qu'expire cette année la convention culturelle, scientifique et technique qui lie les deux pays, l'ambassadeur d'Algérie à Paris, M. Missoum Sbih, a constaté que cette fin arrivait “opportunément”, puisque le contexte actuel “n'a plus rien de commun” avec le temps, le moment où elle a été signé il y a 20 ans. Il souhaite une nouvelle convention qui prenne en compte le caractère exceptionnel des relations entre l'Algérie et la France. Du côté d'Alger, a assuré l'ambassadeur, la volonté politique existe. Y. KENZY