Mieux qu'une intention de redynamiser des relations frappées par un froid depuis 2005 par les différentes déclarations officielles, mais surtout la loi du 23 février, le nouvel ambassadeur affiche une volonté d'aller vers un réchauffement à travers des actes concrets. L'Algérie et la France semblent avoir révisé leurs ambitions concernant “le projet” de refondation de leurs relations. Dans l'impossibilité actuellement de concrétiser le traité d'amitié, sujet à des divergences entre les deux pays, des deux côtés de la Méditerranée, on tente de contourner l'obstacle afin de remettre le processus en marche par une réduction de ses objectifs. Le nouvel ambassadeur français à Alger, M. Bernard Bajolet, l'a bien précisé dès son premier contact avec le président Abdelaziz Bouteflika. Aussi a-t-il d'emblée, à l'issue de l'audience que lui a accordée le Président dimanche dernier, annoncé qu'il est chargé d'une mission prioritaire : “Contribuer à l'approfondissement des relations entre l'Algérie et la France dans tous les domaines.” “L'approfondissement des relations bilatérales devra conduire à un partenariat d'exception, à des relations privilégiées et à une refondation des relations entre l'Algérie et la France”, a résumé ainsi l'ambassadeur l'objet de sa mission dans une déclaration. Mieux qu'une intention de redynamiser des relations frappées par un froid depuis 2005 par les différentes déclarations officielles, mais surtout la loi du 23 février, le nouvel ambassadeur affiche une volonté d'aller vers un réchauffement à travers des actes concrets. Il a évoqué une feuille de route inspirée de la Déclaration d'Alger adoptée en mars 2004 par les présidents Bouteflika et Chirac. Mais à aucun moment le traité d'amitié n'a été cité à l'ordre du jour. Ce qui revient à dire qu'il est “reporté” et que le moment n'est pas opportun comme l'avaient suggéré les deux ministres de l'Intérieur des deux pays, Nouredine-Yazid Zerhouni et Nicolas Sarkozy à Alger. Conscients du blocage induit par les positions des uns et des autres, les deux ministres ont, en quelque sorte, avoué la faiblesse à dépasser leurs divergences. La demande de repentance demeure une exigence d'Alger, alors que la France entretient l'amalgame sur le devoir de mémoire tout en adoptant une loi glorifiant la colonisation, qui a jeté le froid dans les relations entre Alger et Paris, même si le président Chirac était intervenu pour supprimer l'article 4 de la loi du 23 février. Les relations étaient au bord du divorce, et il fallait, surtout du côté français, trouver une issue. Celle-ci se concrétisera à travers un ballet de responsables français de tous les niveaux, des intentions d'offres d'investissement, et celle de relations privilégiées. Implicitement, à défaut d'avoir fléchi la position algérienne sur la question du traité d'amitié, la France opère un recul pour s'accrocher à un désormais classique accord de partenariat stratégique. Ce que l'ambassadeur désigne par le partenariat d'exception. Des traités comme ceux déjà signés avec, entre autres, l'Italie, l'Espagne et la Chine. L'Algérie offre aujourd'hui des opportunités d'investissement à travers les chantiers du programme du Président, pour lesquels les opérateurs étrangers se bousculent pour avoir une part de marché. Situation à laquelle ne peut pas rester insensible la France. C'est la mission de M. Bernard Bajolet de replacer son pays en Algérie. Djilali B.