Les travaux de la 25e édition du sommet Afrique-France étalés sur deux jours ont pris fin, hier à Nice, avec l'adoption par les représentants de la quarantaine de pays participants d'une déclaration finale, qui a dû contrarier les ambitions du président français qui espérait sans doute inscrire l'événement dans son tableau des grandes victoires diplomatiques. Nice (France). De notre envoyé spécial A l'exception de l'annonce de la constitution – par la France – d'un fonds d'investisseurs (le Fonds pour l'agriculture africaine), doté d'une enveloppe de 120 millions de dollars, destiné à soutenir le développement des projets agricoles en Afrique, cette déclaration rédigée en 24 points ne contient pas grand-chose de concret. Elle se contente uniquement, en effet, de reprendre dans les grands traits des propositions formulées par les différentes délégations à l'ouverture du sommet et supposées permettre à l'Afrique d'être mieux représentée dans les enceintes internationales. Dans ce contexte, les invités au somment Afrique-France se sont entendu pour appeler d'une même voix à une « réforme urgente du Conseil de sécurité des Nations unies » et de la gouvernance mondiale. Ils se sont également engagés à renforcer leur coopération en matière de sécurité et de lutte contre le réchauffement climatique. Mais dans la réalité, le consensus n'est que pure forme, puisque les puissances émergentes d'Afrique, telles que l'Afrique du Sud et l'Algérie, ne sont pas tout à fait d'accord avec Nicolas Sarkozy sur la manière dont doit être, par exemple, représenté à l'avenir le continent au Conseil de sécurité de l'ONU. Jacob Zuma, qui est apparu dans la peau du leader incontesté du continent, s'est d'ailleurs fait hier un devoir, en conférence de presse, de rappeler à son homologue français les positions de l'Afrique sur la question. Positions sur lesquelles le président Bouteflika avait lui aussi beaucoup insisté la veille. Au chapitre des droits de l'homme et du respect de la démocratie, le président sud-africain a également insisté sur la nécessité de rompre avec la politique de deux poids, deux mesures. Bien entendu, il s'agissait pour lui de contester, de manière assez subtile, la présence à ce sommet de certains leaders peu respectueux de la légalité. Une présence qui est apparue pour lui intolérable, d'autant qu'en même temps, d'autres ont été proclamés persona non grata. En tout cas, le président sud-africain a fait comprendre que le continent ne se laissera pas dicter sa conduite par d'autres. Pour un partenariat et une confiance mutuelle Au-delà de ces divergences, le président Sarkozy a quand même quelques motifs de se montrer satisfait de cette 25e édition du sommet Afrique-France. Et il s'agit là d'un élément qui peut s'avérer essentiel pour lui. En effet, tous les leaders africains présents à Nice ont non seulement trouvé « utile » le sommet Afrique-France, mais plaidé pour « le renforcement des relations entre la France et l'Afrique en créant un partenariat fondé sur des intérêts partagés et une confiance mutuelle ». La volonté affichée par les leaders africains de poursuivre l'« aventure » montre à tout le moins que la France a une aura certaine et un rôle prépondérant en Afrique. Cela même si elle a perdu ces dernières années beaucoup de terrain au profit de la Chine et des Etats-Unis. Le chef de l'Etat français, qui, de son côté, veut absolument faire oublier les traumatismes causés par la Françafrique, fonder « une nouvelle relation franco-africaine » et faire surtout accepter l'idée que l'ère des coups bas est révolue, a promis de mettre tout en œuvre pour que la relation entre l'Afrique et la France soit des plus transparente. Pour joindre l'acte à la parole, il a annoncé que tous les accords de défense qui lient la France aux pays africains seront rendus publics. En décidant de jouer franc-jeu, le président français paraît avoir gagné des points. En tout cas, nombreux ont été les analystes à dire que cette annonce constitue véritablement un début de rupture avec les traditions de la Françafrique. Néanmoins, tout le monde s'est accordé à dire qu'il serait plus sage, pour se faire une idée plus précise des vraies intentions de Sarkozy, d'attendre de voir comment évoluera la situation à l'avenir.