De fin novembre à mi-décembre, quatre ministres ont fait le déplacement d'Alger. L'Algérie semble devenir la destination préférée des ministres européens, en particulier français. Plusieurs personnalité françaises se sont succédé, cette année, à Alger dans un ballet diplomatique qui marque ainsi un certain réchauffement des relations entre les deux pays. De fin novembre à mi-décembre, quatre ministres ont fait le déplacement d'Alger. Après Nicolas Sarkozy, à l'Intérieur, et Christian Estrosi, à l'Aménagement du territoire, l'Algérie recevra lundi Thierry Breton, ministre de l'Economie et des Finances, et mi-décembre, Azouz Begag, chargé de la Promotion et de l'Egalité des chances. Durant la semaine écoulée, la capitale a accueilli le maire de Marseille et vice-président du Sénat, Jean-Claude Gaudin, venu à la tête d'une délégation de 300 représentants d'entreprises et d'institutions culturelles. Il y a eu également les visites de Mme Christine Lagarde, ministre déléguée au Commerce extérieur, les 2 et 3 juin derniers, de M.François Loos, ministre délégué à l'Industrie les 8 et 9 mai, sans oublier celle du ministre des Affaires étrangères, M.Philippe Douste-Blazy, les 9 et 10 avril. Celles-ci ont permis de confirmer l'engagement des deux parties à avancer concrètement sur la voie du «partenariat d'exception», comme le souhaite Paris, qui doit passer, notamment, par une révision en profondeur des coopérations culturelle, scientifique et technique. Côté algérien, on appelle cela, la refondation des relations algéro-françaises. Le renforcement du dialogue politique se traduit donc par un fort développement des échanges ministériels dans les deux sens. L'on notera, à titre d'exemple, la visite, en France, de M.Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, du 15 au 17 février 2006, au cours de laquelle un accord aérien a été signé entre les deux pays. Les principaux axes du dialogue politique bilatéral sont, notamment, l'encouragement à l'intégration maghrébine, le partenariat euro-méditerranéen, le développement en Afrique en appui au Nepad, la sécurité en Méditerranée, les migrations, la démocratisation et les droits de l'homme. Ces visites marquent, en fait, le réchauffement des rapports franco-algériens après le coup de froid provoqué par le vote du Parlement français, en février 2005, d'une loi vantant les mérites de la colonisation. Cette loi a bloqué le processus de signature du traité d'amitié qui était prévu pour 2005. La perspective de ce traité, évoqué par les deux chefs d'Etat en 2003, reste évidemment ouverte. La France considère que la négociation de ce texte fondamental prendra encore du temps, et ceci est normal pour un document de cette importance et qui prendra en compte l'ensemble des aspects de la relation entre les deux pays. Indépendamment de cette perspective politique, la visite du ministre des Affaires étrangères a, d'ailleurs, bien confirmé l'intérêt des deux pays pour le développement des relations bilatérales dans tous les domaines, qu'il s'agisse des échanges commerciaux ou des projets de coopération. Cette tendance à donner la primeur à l'économie est bien visible dans la démarche des officiels français. La veille de son arrivée à Alger, Philippe Douste-Blazy a réuni les hommes d'affaires de son pays en leur disant clairement que l'Algérie, c'est d'abord un vaste plan d'investissement public de plus de 90 milliards de dollars. Une interpellation révélatrice du nouvel intérêt de la France pour l'Algérie après la brouille de la loi du 23 février. Peut-on dire, alors, qu'entre Alger et Paris la tension est retombée, et rien ne semble pouvoir remettre en cause la signature du traité d'amitié? Pour l'heure, l'on ne perçoit pas un retour très remarqué «des témoignages d'amitié», mais l'on a largement constaté une volonté, prioritairement française, de développer les relations commerciales. Une détermination à laquelle Alger répond par une demande pressante d'investissements directs français en Algérie. Sur ce plan, le président de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (Cfcia), Michel de Caffarelli, a noté que 300 entreprises françaises sont installées en Algérie, en 2006, contre quelques bureaux de liaison en 1990. Ces entreprises ont créé «pas moins de 6000 emplois en Algérie», a ajouté M.de Caffarelli, soulignant que «le marché algérien est porteur d'intérêt pour les entreprises françaises». La France, pour rappel, est le premier fournisseur de l'Algérie et son quatrième client. Les investissements français en Algérie demeurent, en revanche, modestes. Les stocks d'IDE, détenus par la France, sont estimés à environ 200 millions d'euros seulement, sur un total qui dépasse les dix milliards de dollars.