Pour l'ancien homme fort du régime de Hassan II, “il n'y a qu'une solution, le référendum”. Loin dans son exil parisien, l'ancien homme fort du régime de Hassan II, M. Driss Basri, continue de critiquer la politique du gouvernement marocain, l'entourage du roi Mohammed VI, qu'il épargne au passage, tout en suggérant, comme dans chacune de ses sorties médiatiques, des idées de sortie de crise ; crise à la création de laquelle, accuse-t-il, ont participé des responsables à différents niveaux du pouvoir, depuis la mort de Hassan II. Dans sa dernière sortie, Driss Basri, qui est resté en contact avec le royaume, revient longuement sur “ses blessures”, que lui ont infligées ceux-là mêmes qu'il avait “créés”. Il fera ses confidences lors d'un dîner à La Revue Pour l'Intelligence du monde, avec un accent sur la différence entre les actuels et les anciens dirigeants du royaume. La différence est entre “les géants et les nains”. Des nains qui n'arrivent pas à trouver de solution pour le conflit sahraoui. Avec arguments, il a encore une fois insisté sur le fait que la seule solution viable réside dans le référendum. Quant au projet d'autonomie proposé par le Maroc, il le considère comme “une aberration”. La solution serait possible, mais à condition que l'Algérie cède, a-t-il souligné. “À moins que l'Algérie ne baisse définitivement les bras, ce qui est exclu, l'autonomie est un leurre”, a précisé l'ancien ministre de l'Intérieur sous Hassan II. Evidemment, celui qui dit respecter le roi fils, Mohammed VI, essaie de donner, par cette condition, un rôle comme l'a souvent suggéré le palais, une dimension démesurée au rôle de l'Algérie dans le conflit sahraoui. Autre raison de son rejet de l'option de l'autonomie : “les Marocains y vont avec l'arrière-pensée d'intégrer à terme le Sahara, purement et simplement. Et les sahraouis y vont en étant persuadés que l'autonomie débouchera un jour sur l'indépendance. Je le répète : il n'y a qu'une solution, le référendum. Comme ça, on ne devra rien à personne”, a-t-il expliqué. Mais cette thèse est battue en brèche par l'entourage du roi qui utilise tous les moyens, y compris les journaux qu'il avait créés et aidés. Entre autres raisons pour lesquelles il ne veut pas rentrer au Maroc, alors que son passeport lui a été restitué depuis longtemps. En fait, il crédite les hommes du roi d'une force à même de faire capoter tout projet de solution de la crise et d'isoler toute initiative ou idée ne cadrant pas avec leur politique. “C'est le groupe, le groupe de ceux qui entourent Sa Majesté, qui l'intoxique et qui a juré ma perte”, a-t-il dénoncé. Surtout à cause de ses positions sur la question sahraouie, non qu'il soit pour la thèse indépendantiste du front Polisario, mais surtout pour avoir soutenu et soutenir encore l'idée du référendum pour l'autodétermination. Aussi avait-il dans le passé avoué la détermination de Hassan II, avant sa mort, d'aller vers cette option pour en finir avec le conflit qui dure depuis 1975, année de l'annexion du Sahara occidental. Pour autant, Driss Basri ne se résigne pas à abandonner la politique, lui qui dit avoir eu tout sur le dos les cinq dernières années du règne de Hassan II, ce qui représente un poids de taille pour un seul homme, mais n'en donne pas moins la manière avec laquelle il reviendra sur la scène. La réponse est peut-être suggérée à travers le portrait “incompétent” qu'il fait des responsables actuels et de l'entourage mauvais conseilleur du roi Mohammed VI. Décodé, cela veut dire qu'il est prêt à reprendre du service une fois que le roi se défera de ces hommes, à l'image du général Hamidou Laanigri, responsable du GUS, la police chargée de la répression dans les territoires occupés, récemment limogé. Ou à l'image des hauts fonctionnaires et officiers de hauts rangs impliqués dans des histoires de corruption, de trafic de drogue, et incapables de faire face, tout au moins canaliser la mouvance islamiste radicale qui prend de l'ampleur dans le royaume. Djilali B.