Il a précisé que le conflit est maroco-sahraoui. L'ancien ministre de l'Intérieur marocain reste favorable à la négociation entre le royaume alaouite et le Front Polisario. Dans une interview exclusive qu'il a accordée au quotidien espagnol La Razon et publiée le 7 novembre dernier, Driss Basri a développé sa vision et celle du roi Hassan II sur le conflit du Sahara occidental. Selon lui, le défunt roi “préconisait le contact, le dialogue et la négociation” avec la partie sahraouie. L'artisan de la “marche verte” marocaine dans l'ex-colonie espagnole a également rappelé qu'il avait rencontré lui-même “les dirigeants du Polisario”, à Lisbonne, Rome, Paris, Genève, au Maroc et aux Nations unies, avec l'assentiment de Hassan II, “le promoteur de cette politique”. L'ancien homme fort du Maroc n'a pas caché son opposition à la démarche initiée par le Palais pour le règlement de la question sahraouie, après le décès de feu Hassan II. Il a clairement déclaré que “l'unique solution du conflit du Sahara est le référendum”, telle que proposée dans le plan de règlement de 1991, complété par les accords de Houston de 1997, menés par l'Américain James Baker. “Ma conviction personnelle est que nous nous sommes beaucoup éloignés de la solution. Il y a eu une déviation dangereuse et malsaine, appelée troisième voie”, a soutenu Driss Basri. Ce dernier a estimé qu'une solution au conflit, autre que “le référendum d'autodétermination (…) (de) toute la population du Sahara”, serait “une gesticulation sans lendemain”, car le plan onusien est clair : ”Pour l'intégration au Maroc ou pour l'indépendance”. “Parler du schéma bâtard de la troisième voie est propre aux intellectuels aux visions étroites”, a critiqué l'ex-ministre marocain de l'Intérieur, avant d'ajouter plus loin : “Je suis convaincu que le Maroc a les moyens de gagner” le référendum. Driss Basri a néanmoins noté que le père du roi Mohammed VI “avait dit que si la majorité (des votants, ndlr) optait pour l'indépendance, il serait le premier à établir des relations diplomatiques avec le nouveau pays”. L'homme qui a quitté le gouvernement marocain en 1999 est revenu sur les déclarations faites dernièrement sur la chaîne qatarie Al Djazira précisant qu'“il n'y a pas de tension ni de préparation de guerre”, entre l'Algérie et le Maroc et que le plan de paix au Sahara occidental “signale que les deux parties sont le Maroc et le Front Polisario, et qu'il faut organiser un référendum d'autodétermination”. Basri a mis aussi le doigt sur une réalité qui dure depuis 1991. Il a relevé que Rabat “a accepté la Minurso”, Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental et non pas une “Minursam, c'est-à-dire pour le Sahara marocain”. L'ancien ministre ne partage pas l'entêtement du pouvoir marocain de l'après-Hassan II et semble craindre la désapprobation de l'opinion publique internationale. “Si nous montrons un égoïsme et une étroitesse d'esprit à l'égard de l'opinion publique, personne ne nos aidera à le (le territoire du Sahara occidental, ndlr) récupérer”, a affirmé Basri à La Razon non sans avoir souhaité que “le Sahara soit marocain”. H. A.