La direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a eu à traiter, pour l'année 2007, pas moins de 3000 affaires d'atteinte à l'économie nationale. Le préjudice financier résultant de ces atteintes est estimé à 3 milliards de dinars, matérialisés notamment par des détournements de fonds bancaires et postiers. C'est ce qu'a révélé hier un représentant de la DGSN, le commissaire Mostfaoui, invité au forum d'El Moudjahid pour un débat sur les atteintes à l'économie nationale. Qualifiées de « délinquance », les attaques que subit l'économie du pays sont, selon le même responsable, « l'œuvre de deux catégories de personnes : des agents publics et des délinquants tiers ». Les agents publics incriminés sont à l'origine d'infractions aux règles des marchés publics, de fraude fiscale et de détournement de fonds publics, explique encore le commissaire. Quant aux délinquants tiers, les atteintes commises par cette catégorie de personnes sont liées à la fausse monnaie, à la contrebande, à l'escroquerie et au blanchiment d'argent. A l'origine de toutes ces attaques, poursuit le représentant de la DGSN, « le phénomène de la corruption qui gagne de plus en plus du terrain », mais aussi « la faiblesse des systèmes de contrôle ayant même permis aux criminels de poursuivre leurs forfaits durant plusieurs années ». Il est à rappeler à ce propos que Transparency International a affirmé dans son rapport publié l'année dernière que « la corruption demeure l'obstacle principal qui entrave l'investissement direct étranger en Algérie ». Malgré l'engagement officiel des autorités publiques à éradiquer ce phénomène qui porte atteinte à l'économie nationale, « les choses évoluent à un rythme très lent », avait souligné le rapport. Le document avait essentiellement reproché aux autorités algériennes le manque de transparence dans la gestion de la sphère économique. Pour sa part, l'inspectrice divisionnaire des douanes, Mme Ghodbane Fadila, a affirmé de son côté que les atteintes à l'économie nationale sont l'œuvre de « groupes structurés et bien organisés ». Selon elle, la contrefaçon, l'une des formes qui composent ces atteintes, enregistre une augmentation annuelle de par les quantités de marchandises contrefaites saisies par la douane. En 2007, pas moins de 1,5 million d'articles de contrefaçon ont été saisis, contre un peu plus de 831 000 articles saisis en 2006. Un autre phénomène, non moins nuisible à l'économie nationale, est également signalé par les responsables des douanes algériennes. Il s'agit de la contrebande qui cible pour objet les carburants, le cheptel, les cigarettes, les câbles électriques et les déchets ferreux et non ferreux. Localisé notamment dans les régions frontalières, ce phénomène connaît une forte progression, enregistrant, pour l'année 2006, près de 30% du total des infractions recensées par la douane. En 2005, 3313 activités de contrebande ont été enregistrées sur un total de 11 645 infractions, contre 2500 activités de contrebande enregistrées en 2004 sur un total de 9228 infractions. La plus alarmante des contrebandes, ajoutent les responsables de la douane, « est signalée dans le trafic des stupéfiants ». Pour les seuls deux premiers mois de l'année en cours, 990 kg de cannabis traité ont été saisis par les douanes algériennes.