“Dans de nombreux aspects de leur vie, les femmes arabes ne peuvent toujours pas exploiter pleinement toutes leurs capacités, car les libertés civiles et politiques, le savoir, la santé, la richesse et la sécurité personnelle leur sont refusés”. Le constat a été établi, hier, à l'hôtel El-Djazaïr (Alger), lors de la présentation du rapport arabe sur le développement humain pour l'année 2005, financé par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Le rapport, le dernier en date d'une série de quatre, met en avant le refus de l'égalité des chances et relève, en matière de représentation politique que les femmes arabes disposent du “droit de vote”, à l'exception de l'Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis. Il applaudit au combat des Koweitiennes ayant arraché leurs “droits politiques complets” l'an passé. Le rapport considère, par ailleurs, que le meurtre des femmes dit “d'honneur”, résultat d'une “coutume tribale”, est toujours d'actualité dans “plusieurs sociétés arabes”. Non sans rappeler que les “violences domestiques” sont monnaie courante dans la région. Dans le chapitre des droits juridiques, il est noté que si la plupart des pays arabes (17 sur 21) ont signé et ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw), ils ont cependant formulé de “nombreuses réserves” sous prétexte de contradiction entre les articles et la législation nationale ou la loi islamique (chari'a). Parmi ces Etats, figure l'Algérie qui a émis des réserves sur les articles 2, 5, 9, 16 et 29, portant respectivement sur l'obligation de l'égalité devant la loi, l'égalité concernant la capacité juridique dans les affaires civiles, celle des droits à la nationalité, le mariage et les relations familiales et l'arbitrage entre les Etats parties et la soumission des différends sur l'interprétation ou l'application de la Convention à la Cour internationale de justice. Le rapport du Pnud soulève aussi le cas des pays signataires de la Convention de l'OIT relative à l'égalité de rémunération, en mettant en exergue la variabilité de leur législation nationale : certains prévoient explicitement un salaire égal pour un travail égal, tandis que d'autres ne l'envisagent que dans la Fonction publique (cas du Qatar et de l'Arabie Saoudite). Il prévient contre la précarité de l'emploi, estimant que “les femmes sont les premières à être licenciées en période de récession” et demeurent “les dernières à être embauchées en période d'expansion”. Et prédit l'augmentation du nombre de femmes à la recherche d'un emploi, dans les années à venir, prévoyant ainsi un taux de croissance de 5% par an de la population féminine, entre 2000 et 2010, contre un taux de 3,5% de la population active tous sexes confondus. Les rédacteurs du document préviennent sur un autre plan de la progression du nombre des femmes arabes chefs d'entreprise, en privilégiant Bahrein, l'Arabie Saoudite et la Tunisie, et en taisant les avancées réalisées en Algérie. L'impartialité des auteurs du document, qui semblent favoriser certains pays au détriment d'autres, en termes d'illustration, est à ce propos flagrante : la partialité est enregistrée dans l'approche de plusieurs domaines, y compris celui des arts et des médias, où le silence est une fois de plus observé au sujet de l'entrée en force des Algériennes dans cet espace, particulièrement ces dix dernières années. Cette démarche va à l'encontre des orientations généreuses, quant à l'encouragement des expériences féminines et des combats de femmes, et semble contredire les déclarations de Mme Alsoswa, directrice du bureau régional des Etats arabes du Pnud qui avait affirmé dernièrement : “Les avancées durement acquises sur le plan des droits des femmes constituent l'aboutissement de plusieurs décennies d'engagement de la part de générations de militantes féministes et de leurs alliés au sein des pouvoirs publics des pays de la région”. H. Ameyar