Une OPA sur la salle de cinéma et sur deux autres locaux, situés dans l'enceinte même de l'établissement hôtelier, porte un coup dur aux projets d'investissement et de privatisation. Construit au début du siècle dernier, il est, grâce à son emplacement au cœur de la ville et son architecture, une curiosité. Ce bijou, convoité, est l'objet, la veille de sa privatisation, d'une OPA dont l'objectif et de le délester de ses biens. La salle de cinéma de l'hôtel (cinémathèque Cirta) est toujours fermée. Les responsables de l'hôtel, qui ont entamé une action judiciaire pour récupérer les lieux, accusent les services compétents d'immobilisme. Pour un membre du syndicat, “l'établissement dispose depuis un an d'un jugement exécutoire qui n'a pu être mis en application, à cause d'une puissance publique qui fuit ses responsabilités. Les squatteurs comptent sur le facteur temps pour régulariser leurs papiers par le faux, comme ce fut le cas avec la bijouterie”. En effet, selon notre interlocuteur, “il y a 4 ans, l'exploitant de la bijouterie, un local propriété de l'hôtel, était un indu occupant sans aucun titre de propriété ni de location”. Il ajoute : “Après un audit, la nouvelle direction a entamé, devant l'incapacité des occupants de présenter le moindre document justifiant l'occupation des lieux, une procédure judiciaire pour récupérer ces locaux et ceux de la pâtisserie, squattés. Après l'introduction de l'action en justice, en 2004, l'occupant arrive à se faire délivrer, par l'Opgi, un acte de propriété qui sera validé plus tard par les domaines, malgré l'opposition de l'unique propriétaire depuis 1912, soit la personne morale, le Grand hôtel Cirta.” La situation du salon de coiffure est presque identique, sauf que son exploitant n'a pu se faire délivrer à ce jour un quelconque acte. Le salon en question est situé à l'intérieur de l'hôtel. On y accède depuis le hall de la réception au même titre que pour la conciergerie et les chambres. Contactés par nos soins, les services du contentieux de l'établissement s'en défendent : “Nous avons fait notre devoir. L'affaire est pendante à la justice et on attend toujours, depuis une année, une hypothétique expertise. L'hôtel est prêt à indemniser l'indu occupant.” Le P-DG de l'entreprise, Lakehal Ayat, s'en défend également. Pour lui, l'entreprise n'est pas impliquée dans “cette opération contre la montre pour déplumer l'un des plus prestigieux hôtels du pays. Cette inconscience de la part de la commission de daïra n'a fait qu'empirer les choses”. Selon lui, des recours ont été déposés auprès de la daïra dans le but d'annuler cette décision et, pour le moment, aucune réponse ne leur a été donnée depuis 2004. “Il est impossible de parler de privatisation ou de partenariat pour un hôtel amputé de ses locaux et dans des conditions pareilles”, a-t-il estimé. On voit mal des établissements hôteliers de notoriété mondiale reprendre un hôtel dont les locaux situés au cœur même de l'établissement ne sont pas sa propriété. La manière avec laquelle le local, faisant office aujourd'hui de bijouterie, a changé de main en 1992 puis amputé du patrimoine de l'hôtel renseigne sur la façon avec laquelle on continue à gérer les biens vacants. Le propriétaire de la bijouterie assure, lui, avoir “acheté le fonds de commerce du local le 10 février 1992, auprès de ses deux premiers propriétaires qui y exerçaient l'électricité du bâtiment depuis 1962”. Il ajoute : “On a déposé une demande d'achat du local en 2004, les services de l'Opgi nous ont remis au départ un contrat de location à titre de régularisation. Réunie le 16 août 2004, la commission de daïra a répondu favorablement à notre demande d'achat de l'espace commercial.” Le directeur des domaines de la wilaya de Constantine, quant à lui, a reconnu l'existence de zones d'ombre qui entourent la désormais affaire de l'hôtel Cirta. “C'est vrai qu'il est inconcevable que l'hôtel Cirta ne soit pas propriétaire de ses propres locaux, dont l'un se trouve à l'intérieur même de l'enceinte”, a-t-il commenté. Le même responsable a tenu à préciser que la principale cause de tout ce conflit, qui remonte à une dizaine d'années, serait bel et bien l'attribution des actes de propriété aux occupants des locaux de la part des services de l'Opgi. Le transfert en 2004 de la propriété s'est effectué selon les termes de la loi 81/01 portant cession des biens de l'Etat. Malgré nos maintes tentatives, les services de l'Opgi n'ont pas voulu faire de déclaration sur cette affaire où le nom de l'institution revient pourtant fréquemment. Selon l'attaché de presse de cet office, le directeur est absent et son remplaçant ne serait pas habilité à s'exprimer sur l'affaire, du fait que sa présence au sein de la direction de Constantine est récente. Madani Radia