Le marché hebdomadaire d'Azazga connaît chaque samedi une affluence record, notamment au niveau de la partie réservée à la vente de bétail. Ce qui caractérise ce marché ces derniers jours, c'est surtout les prix des ovins mâles, sans cesse en augmentation, d'où le “désarroi” des pères de famille aux petites bourses qui ont du mal à pouvoir offrir le mouton de l'Aïd à leurs enfants. “À chacun ses raisons”, dit-on, et de leur côté, les éleveurs parlent d'une “saison catastrophique” qui a engendré des pertes considérables à leur cheptel. À commencer par la maladie de la blue tongue qui n'a épargné ni l'élevage ovin ni bovin. En effet, des centaines, voire des milliers de têtes de ce bétail ont péri dans cette région durant les mois qui ont suivi l'apparition de l'épidémie. “J'ai perdu la moitié de mes moutons à cause de cette maladie”, nous dira un éleveur rencontré sur les lieux. Aussi, la loi de l'offre et de la demande règne pleinement sur le souk : dès que l'offre est dépassée par la demande, “furtivement” les prix grimpent d'eux-mêmes, de semaine en semaine. Par ailleurs, l'on note qu'il n'y a pas que “les méfaits de la nature” qui sont à l'origine de l'élévation des prix, mais il y a aussi les maquignons au caractère “sans foi ni loi” qui ont leurs propres pratiques pour satisfaire à leur désir effréné du gain facile. Ainsi, au petit matin étoilé de chaque jour de marché, cette catégorie de personnes pointe du nez devant les entrées du souk, prêtes à sauter sur les premières occasions qui se présentent en jetant leur dévolu sur les meilleures bêtes aux propriétaires naïfs. Enveloppés dans leurs burnous ou djellabas, nos rusés maquignons, avec une insistance qu'ils sont seuls à détenir, achètent aussitôt aux éleveurs les bêtes sur lesquelles ils auront jeté leur dévolu — avant même que celles-ci n'entrent au souk — à des prix avantageux, pour les revendre ensuite à des prix faramineux en tirant d'exorbitants bénéfices. Les pères de famille aux faibles revenus “sacrifient” chèrement et sans rechigner le prix de leurs moutons de sacrifice pour leurs enfants en consacrant parfois l'économie de toute une année rien que pour marquer et célébrer la sunna de l'Aïd. Hacène AOUIDAD