Le ministre du Commerce compte proposer au gouvernement le retour aux offices pour pouvoir lutter contre les pratiques spéculatives et empêcher la flambée des prix des produits de large consommation. Pour une meilleure organisation du marché et empêcher des augmentations vertigineuses des prix, le ministre du Commerce, M. El-Hachemi Djaâboub, propose le retour des offices qui pourront, selon lui, assurer la régulation suivant les filières. Ces organes, qui dépendront du gouvernement, sont, indiquera-t-il, à même d'assurer une offre conséquente en cas de rareté d'un produit quelconque sur le marché, afin d'éviter la hausse des tarifs qui en découlerait. Dans le cas contraire, ces offices peuvent, cependant, absorber le surplus des produits dans le but de maintenir les tarifs à des niveaux raisonnables qui arrangeraient les producteurs. “C'est l'un des instruments efficaces de régulation. Nous ne voulons pas reprendre la politique d'auparavant, d'Etat commerçant, mais celle d'un Etat régulateur qui lutte contre la spéculation”, expliquera-t-il. Grâce à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), pour ne citer que cet exemple, arguera-t-il, l'Algérie a réussi à maintenir les prix administrés du pain à 7,5 DA. Invité au Forum de l'ENTV samedi dernier, le ministre a affirmé, en outre, que le ministère de l'Industrie en collaboration avec l'Institut algérien de la normalisation (Ianor) est en train d'établir les normes de sécurité et autres options à exiger pour l'importation des véhicules et de la pièce de rechange... Désormais, un laboratoire national d'essais dédié au contrôle de tous les produits importés sera créé dès l'année prochaine. Dès le mois de juillet dernier, deux décrets exécutifs ont été mis en application dans les ports. L'un concerne l'étiquetage obligatoire et le contrôle de tout produit entrant sur le marché national y compris les équipements et autres appareils. Quant à la question de l'heure, à savoir la décision d'interdire l'exportation des déchets ferreux et non ferreux et en réponse aux opérateurs qui activent dans cette filière, M. Djaâboub précisera : “Nous encourageons le commerce extérieur et nous aidons les exportateurs. Car, nous ne faisons pas de l'exportation hors hydrocarbures un slogan seulement.” Toutefois, le ministre souhaite qu'“à travers l'exportation de ce fer, nous privilégions l'intérêt général avant tout”. Tous les produits importés seront désormais contrôlés L'instruction de 2003 sur le commerce extérieur donne le droit au gouvernement via le ministère concerné d'interdire l'exportation d'un produit ou de limiter les quantités à exporter. “Il faut dire que c'est le gouvernement qui a pris cette décision que je soutiens à 100% en tant que ministre du Commerce”, soulignera-t-il. Voulant aller plus loin dans son argumentation, M. Djaâboub précise que la collecte des déchets ferreux et non ferreux est autorisée, mais il révélera le vol à grande échelle qui caractérise cette matière et parle de “receleurs” de tout objet contenant du fer, tels que les panneaux de signalisation, le cuivre… “Ceci est un vol que nous battrons avec force”, promettra-t-il. Il rappellera que ces malfrats ont volé plus de 150 kilomètres de rails à la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF), plus de 250 km de cuivre à la Sonelgaz… Devant une telle situation, le ministre a mis l'accent sur l'indispensable réorganisation de cette activité avec une meilleure transparence. “Le temps de l'anarchie est révolu et celui de la traçabilité est arrivé”, s'est-il adressé aux 61 opérateurs qui activent dans cette filière auxquels sera soumis un cahier des charges à l'avenir. Sur un autre registre, le ministère du Commerce prévoit pour l'exercice de 2006 un volume d'exportations qui dépassera les 50 milliards de dollars US. Les statistiques du département de M. Djaâboub indiquent que jusqu'à la fin du mois de novembre dernier, l'Algérie a exporté, pour un montant de plus de 49 milliards de dollars US. Les importations, en revanche, ont atteint durant la même période l'équivalent de 19,3 milliards de dollars US. Ce qui a fait dire au ministre du Commerce que les importations pour l'année en cours ne franchiront pas la barre des 21 milliards de dollars US. Il faut dire que les recettes des exportations effectuées par le pays émanent essentiellement des hydrocarbures. M. El-Hachemi Djaâboub escompte que les exportations hors hydrocarbures dépassent le seuil “psychologique” du milliard de dollars US en 2006. Il estime que l'Etat est sur la bonne voie pour réaliser cet objectif tant convoité depuis plusieurs années, puisqu'il a été exporté en dehors du pétrole, du gaz et des produits issus de ces derniers, quelque 788 millions de dollars US durant les 9 mois de l'année en cours. Les deux tiers des importations sont, selon le ministre, des équipements pour les besoins du programme de soutien à la relance économique. Pas d'augmentation du prix du pain Abordant les conséquences de l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE, M. Djaâboub avoue que les échanges commerciaux n'ont enregistré aucune perturbation sur les marchés européen et national. Il a été recensé également 1 086 000 commerçants actifs jusqu'au mois de septembre dernier, soit une hausse de 6% par rapport à l'année 2005. Les commerçants étrangers sont évalués à 4 200 dont 700 Tunisiens, 548 Syriens, 450 Français, 420 Chinois, 166 Turcs... Le ministre a, par ailleurs, tranché sur la problématique des prix du pain. “L'Exécutif a décidé de ne pas réviser les prix du pain. Il n'y aura pas de ce fait de hausse des prix”, a-t-il réitéré. L'Algérie attend le 10e round des négociations pour son accession à l'OMC prévu pour le début de l'année 2007. Il reste, selon lui, 13 points de discorde avec 15 pays membres de cette organisation. Mais les pays les plus durs dans les discussions restent l'UE et les USA de par leur intérêt pour le marché algérien. L'UE insiste, soulignera le ministre, sur l'ouverture des services. “Nous comptons réaliser de sérieuses avancées au cours de ce 10e round”, ajoutera-t-il. Le ministre du Commerce a en outre évoqué les méfaits de la contrebande des carburants, du lait et d'autres produits, qui active aux frontières sur l'économie nationale. Les efforts consentis pour la lutte contre ce phénomène restent, selon lui, insuffisants. Badreddine KHRIS