Devant la flambée sans cesse croissante des prix des produits de large consommation et les pratiques spéculatives qui portent un coup dur au pouvoir d'achat des ménages, le gouvernement compte réagir à travers des mesures visant à mettre de l'ordre dans l'activité commerciale. Il s'agit essentiellement de renforcer le contrôle, de plafonner les prix et les marges bénéficiaires ainsi que de subventionner certains produits de première nécessité. «Nous avons constaté que certains commerçants abusent et profitent de leur position dominante. Les agents de contrôle assistent à ces pratiques et ne peuvent rien faire. Nous avons alors décidé d'intervenir pour mettre de l'ordre dans cette activité», a indiqué, ce matin, El-Hachemi Djâaboub, ministre du Commerce, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. La démarche du gouvernement consiste à mettre en place une loi de régulation de l'activité commerciale pour la fixation des prix des produits de large consommation à des seuils permettant de préserver le pouvoir d'achat des ménages. «Il ne s'agit pas de revenir aux années du socialisme, mais tout simplement d'avoir une corbeille de produits sur lesquels le gouvernement aura la faculté d'intervenir soit en fixant, soit en homologuant les prix et les marges bénéficiaires. Il s'agit également de définir certains produits qui seront subventionnés en cas de nécessité», a encore expliqué le ministre. L'exemple le plus récent de cette nouvelle démarche concerne le prix des lentilles qui est passé de 180 DA à 140 DA/ le kilo après l'intervention du gouvernement. Un projet de loi concernant la concurrence et les pratiques commerciales a été endossé en août 2009 par le Conseil de gouvernement et attend d'être soumis au Conseil des ministres et puis aux deux chambres du Parlement (Apn et Sénat). «Cette loi libère le gouvernement et lui donne la possibilité d'intervenir pour que les prix soient plafonnés et les marges bénéficiaires limitées. Sans remettre en cause le principe de la liberté des prix, cela nous permettra de lutter contre les abus», insiste M. Djâaboub. Les modes d'intervention varient entre la subvention des prix, les faire infléchir par la réduction ou l'exonération totale des droits de douane et la TVA qui pourrait être carrément supprimée en cas de nécessité, selon le ministre. La fixation des prix sera, en outre, décidée «en concertation avec le mouvement associatif patronal». Des instruments sont aussi prévus pour faire respecter la loi liée aux pratiques commerciales. «Il est fait obligation aux commerçants de respecter ces dispositions. Il y a des amendes, il y a même le retrait du registre du commerce temporaire ou définitif avec une demande éventuelle faite à la justice pour la radiation des gens qui n'auront pas respecté ces dispositions», a tenu à préciser l'invité de la radio, émettant le souhait de voir ce projet de loi adopté et mis en application «avant le mois de ramadan prochain». Par ailleurs, le gouvernement est, selon M. Djâaboub, déterminé à éradiquer «tôt ou tard» le marché informel et bannir les pratiques de monopole exercées par certains commerçants indélicats. Ciment : Pas de pénurie pour les chantiers n Alors que le prix du ciment continue de flamber sur le marché national, le ministre du Commerce affirme que la crise n'a affecté en rien les chantiers. «Nous avons déjà importé un million de tonnes, il y a aussi des privés aussi qui importent. 70% du ciment importé va directement aux entrepreneurs et aucun chantier ne souffre du manque de ce produit», a-t-il dit. La crise actuelle est donc ressentie essentiellement par les particuliers qui paient le sac de ciment 700 DA. Trois millions de tonnes seront importées incessamment pour faire face à cette situation, mais l'idéal, selon M. Djaâboub, serait de construire des usines en Algérie car même les prix de ce produit connaissent une flambée sur les marchés internationaux. Prix du sucre : Le wait and see l Le gouvernement ne compte pas réagir immédiatement face à la flambée vertigineuse du prix du sucre, mais observe quotidiennement , selon M.Djâaboub, l'évolution de la situation. Le ministre, qui a nié carrément la vente de ce produit à 120 dinars/ le kilo, a indiqué que le prix actuel sur le marché national varie entre 95 et 100 dinars. «Depuis décembre 2009, le prix du sucre a augmenté exactement de 118 % au niveau de la bourse de Londres. Nous importons annuellement un million deux cent mille tonnes de sucre pour 525 millions de dollars. Nous sommes dépendants à 100 % de l'extérieur», a-t-il expliqué. «A l'heure actuelle , dit-il, il n' y a pas d'abus , la marge bénéficiaire est respectée». Le gouvernement s'attend-il à une baisse spontanée du prix de ce produit ?