L'Allemagne cherche à diminuer les attentes suscitées par sa prochaine présidence de l'Union européenne, à partir du 1er janvier, car elle sait qu'elle n'aura pas la partie facile. Il s'agit, de fait, de relancer l'organisation. Beaucoup de membres de l'Union comptent sur l'Allemagne, en sa qualité de pays fondateur du bloc, pour faire avancer la question constitutionnelle, dans l'impasse depuis que Français et Néerlandais ont rejeté, en 2005, par référendum un premier projet de traité. La question est d'autant plus urgente que l'UE va subir, le 1er janvier, un nouvel élargissement, en passant de 25 à 27 membres, avec l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie. L'Allemagne compte proposer lors du sommet européen de juin prochain un calendrier et des propositions sur ce que pourrait être une nouvelle Constitution. La chancelière allemande a pour ambition de relancer également le processus de paix au Proche-Orient, mais ses efforts pour inclure Damas dans un règlement des questions régionales butent encore contre le niet des Etats-Unis, via leurs satellites dans l'Union. L'autre casse-tête pour Berlin est le dossier de l'accord commercial entre l'UE et la Russie. Le lancement de discussions avec Moscou a été bloqué par la Pologne, et la volonté affichée par Berlin d'une Ostpolitik ambitieuse vers la Russie a été douchée par les soupçons sur le rôle du Kremlin dans l'empoisonnement à Londres d'un ex-espion, et l'assassinat d'une journaliste russe qui travaillait, notamment, sur la question tchétchène. C'est par ailleurs à l'Allemagne que pourrait revenir la mission difficile de forger un consensus sur la question du statut futur du Kosovo. La plupart des membres de l'Union sont favorables à l'indépendance de la province serbe, mais pas la Russie. Sans compter les questions du nucléaire iranien et de la candidature turque à l'entrée dans l'Union.