Les investissements allemands en Algérie devraient atteindre un milliard d'euros dans les prochains mois. L'Allemagne a pris, lundi, la présidence semestrielle de l'Union européenne, et annuelle du G8, groupement des pays les plus industrialisés. Ce qui devrait renforcer le poids politique de la chancelière conservatrice, Angela Merkel, sur le plan international mais qui sait, toutefois, que la tâche est loin d'être une sinécure. En effet, les 27 comptent sur l'Allemagne, fondatrice du bloc, pour booster l'organisation européenne, dans l'impasse depuis que Français et Néerlandais ont rejeté, en 2005, par référendum un premier projet de traité. L'autre priorité de l'Allemagne demeure la relance de l'économie européenne, notamment la question énergétique mais également la lutte antiterroriste et l'émigration clandestine sans pour autant mettre de côté les questions d'ordre régional à l'instar de la paix au Proche-Orient où la chancelière compte se rendre début février. Pendant six mois, l'Allemagne -première économie et pays le plus peuplé du Vieux Continent- tentera d'offrir une feuille de route pour la Constitution de l'UE, qui s'est enrichie depuis lundi, de deux nouveaux membres, la Roumanie et la Bulgarie. Mais le futur président du Parlement européen, l'Allemand Hans Gert Pvttering, relève qu'on ne pourra véritablement s'attaquer à la question de la Constitution qu'après l'élection présidentielle française de mai 2007, soit juste avant la fin de la présidence allemande. «Notre objectif est qu'à la fin de notre présidence du Conseil européen, nous puissions présenter un plan concret où seront clarifiés le calendrier et les contours d'une solution», a rappelé samedi le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Au plan de la coopération sud-nord, l'Afrique figure au coeur des préoccupations allemandes. En effet, récemment, le ministre allemande de la Coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul, a souligné le caractère unique de la double présidence pour faire bouger beaucoup de choses, en particulier dans les relations avec l'Afrique. «L'Afrique n'est pas le continent des catastrophes, des crises et des guerres. Ce continent voisin de l'Europe, fait preuve au contraire d'un dynamisme élevé en matière de réformes, jouit d'une croissance stable, et prend son développement en main avec ses idées et son potentiel propre», a-t-elle relevé. De ce fait, l'Europe ne veut pas être un simple guichetier mais veut s'engager dans un partenariat politique avec l'Afrique. «La Communauté européenne contribue bien plus de la moitié des fonds publics de coopération pour le développement dans le monde. Elle est le premier partenaire commercial d'un grand nombre de pays en développement et influe sensiblement sur l'élaboration de la réglementation commerciale mondiale. L'UE doit se montrer à la hauteur de cette importance» a rappelé Heidemarie Wieczorek-Zeul. Et la ministre de préciser «c'est en Afrique que se décidera si la lutte mondiale contre la pauvreté peut être gagnée et si les objectifs de développement du millénaire fixés par la communauté internationale seront atteints. Le destin de l'Afrique et de ses populations a des conséquences directes pour l'Europe. L'Europe a besoin d'une Afrique forte». En outre, l'Allemagne, moins encombrée d'un passé colonial, est bien placée pour faire avancer le partenariat politique euro-africain. Pour montrer ses bonnes dispositions, l'Allemagne devrait porter ses investissements en Algérie, à titre d'exemple, à un milliard d'euros dans les prochains mois. Un partenariat appelé à se développer davantage d'autant que l'Europe veut réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Dans cette perspective, l'Union européenne espère conclure «rapidement» un accord de coopération énergétique avec l'Algérie, selon la commissaire européenne aux Relations extérieures, Mme Benita Ferrero-Waldner. L'Allemagne mettra, également, à profit sa double casquette pour finaliser le projet de mémorandum devant relancer les discussions au sujet de l'établissement d'un partenariat énergétique avec l'Algérie. Par ce mémorandum, l'UE tente de répondre à ses besoins en gaz naturel liquéfié, principale priorité des 27 pour les prochaines années.