À l'échelle régionale, le constat est alarmant : près de 30 000 œuvres musicales et cinématographiques piratées ont été saisies au cours du premier trimestre 2006 dans les wilayas d'Oran, de Tlemcen, de Mostaganem et de Saïda. 2006 était une véritable année de vaches maigres pour les professionnels de la distribution et de la production musicale. Une profession qui se dirige lentement mais sûrement vers la ruine. Les nouveautés, tubes et albums, à foison, qui auguraient de la faste et riche saison musicale, ont été remarquablement rares, et rares furent les “chebs” qui ont trouvé “l'audacieux” éditeur mécène. Pire que tout autre genre, la musique commerciale, le raï en l'occurrence, subit de plein fouet l'effet nuisible du fléau de la contrefaçon. Les statistiques sont amplement éloquentes et alarmantes mais, apparemment, en l'absence d'une organisation efficace et solidaire des protagonistes de la profession, on ne semble point y accorder la moindre attention. Sur les 83 loueurs de vidéogrammes établis sur le territoire de la wilaya de Mostaganem, 43 ont déclaré faillite en se convertissant dans un autre créneau, si ce n'est abandonner carrément l'activité commerciale légale. À Relizane, où 13 loueurs sur 45 ont baissé rideau, les dégâts semblent moins alarmants. Par contre, c'est à Mascara que le marasme est plus profond : sur 44 loueurs, à peine une dizaine ose résister à la débâcle. Dans la sphère de l'édition, la catastrophe est davantage préoccupante. Sur les 26 éditeurs régulièrement immatriculés auprès de la direction régionale de l'Office des droits d'auteurs et droits voisins (Onda) sise à Mostaganem, désormais personne ou presque n'ose se déclarer. Leur situation étant plus embarrassante que celle des loueurs de vidéogrammes, en raison des lourds investissements consentis en équipements et pour lesquels il est pratiquement impossible de trouver acquéreur, nombreux sont ceux qui “glissent” vers l'informel et la contrefaçon du CD-Rom, en sachant pertinemment qu'ils tentent le suicide. Le piratage musical, en plein essor ces dernières années, a fini par détruire la précaire industrie phonographique dont les principaux pôles sont basés à Oran, à Chlef et à Alger. La contrefaçon des œuvres artistiques a pris une ampleur incommensurable. L'Onda manque de moyens d'intervention à la mesure de l'éradication du fléau. Ses agents ont parfaitement conscience qu'ils ne peuvent, à eux seuls et avec les moyens limités dont ils disposent, enrayer le phénomène. À peine peuvent-ils en limiter les dégâts. “Nous tentons l'impossible !” estime le directeur régional. En 2005, un lot de plus de 37 000 CD-Rom et un millier de cassettes audio contrefaites ont été saisis à travers les 7 wilayas relevant de la compétence de la direction régionale. Au titre de l'année 2006, le butin a frôlé les 30 000 CD-Rom, mais il ne concerne que la moitié du dit territoire, du moment qu'une nouvelle direction régionale est opérationnelle depuis le début de l'année à Chlef. Une direction qui supervise trois wilayas : Chlef, Aïn Defla et Tissemsilt. À l'échelle régionale, le constat est tout aussi alarmant. Près de 30 000 œuvres musicales et cinématographiques piratées ont été saisies au cours du premier trimestre 2006 dans les wilayas d'Oran, de Tlemcen, de Mostaganem et de Saïda. Au titre de l'année 2005, plus de 216 100 CD ont été saisis. Le “butin” avoisine le triple des saisies opérées en 2004, alors que 45 affaires ont été portées devant les différents tribunaux de la région durant l'année 2005. En quelques années, le nombre d'“usines” spécialisées dans la phonographie est passé de 8 à 2 unités. Au même moment, celui des éditeurs a dégringolé de 70 à 10 seulement. Les agents de l'Onda savent parfaitement qu'une telle prise ne représente qu'une infime proportion des supports contrefaits mis sur le marché. Mais que faire ? Depuis le 1er décembre dernier, la direction régionale Ouest de l'office a été dotée d'une brigade spécialisée dans la lutte contre le piratage et la contrefaçon. Une brigade investie d'une seule et exclusive tâche : la traque des contrefacteurs et pirates de tous bords, qu'ils activent dans le secteur formel ou informel. Elle a la prérogative d'intervenir à travers toutes les wilayas de la région ouest de l'Algérie. M. O. T.