Quarante-huit heures après que des membres du parti Baas dissous lui eurent prêté allégeance en qualité de “président légitime de l'Irak”, en remplacement de Saddam Hussein, Izzat Ibrahim al-Douri a appelé, hier, à l'unification de la résistance irakienne contre l'occupation américaine. Dauphin du régime de Saddam Hussein, Izzat Ibrahim al-Douri n'a pas tardé à faire parler de lui après sa désignation par le Baas comme successeur du président irakien déchu, exécuté samedi dernier à l'aube, premier jour de l'Aïd-el-Adha. Dans un communiqué mis en ligne hier sur le site du parti Baas irakien dissous, il a appelé tous les groupes jihadistes à former un “front” commun de “résistance” pour “libérer” l'Irak. Mettant à profit cette occasion, il a rendu un vibrant hommage posthume à Saddam Hussein. “J'appelle les vaillants dirigeants du jihad, les combattants valeureux dans tous les groupes jihadistes à œuvrer sérieusement pour la création d'un front du jihad et de résistance (...) Pour détruire l'ennemi et libérer notre chère patrie”, écrit l'ancien bras droit de Saddam. “Je jure de poursuivre le jihad sacré, de l'accentuer et de le prolonger jusqu'à la libération totale de notre patrie”, ajoute-t-il. Dans sa longue lettre, le plus haut responsable encore en fuite de l'ancien régime de l'ex-président irakien affirme : “L'assassinat de Saddam Hussein aux mains criminelles de l'administration américaine et de ses alliés parmi les Anglais, les sionistes et les Persans, ne fera qu'accroître la détermination du Baas, de son peuple et de la nation arabe.” Il prend le soin toutefois de mettre en garde ses partisans de verser dans le terrorisme en les appelant à “sauvegarder la sécurité et les biens du peuple et à ne pas laisser de place au terrorisme dans leurs rangs”. Il s'agit de la seconde intervention du général Izzat Ibrahim, lequel s'était manifesté en mars, notamment dans un enregistrement audio, pour appeler les dirigeants arabes à reconnaître la “résistance irakienne et à boycotter le gouvernement en place à Bagdad”. Pour rappel, en novembre 2005, l'armée américaine avait annoncé qu'elle maintenait son offre de dix millions de dollars pour toute information conduisant à la capture ou à la tombe de l'ancien bras droit de Saddam Hussein. L'appel à l'intensification de la résistance intervient au moment où un haut responsable irakien a affirmé que l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Zalmay Khalilzad, a vainement demandé au Premier ministre irakien de repousser de deux semaines l'exécution de Saddam Hussein. “Les Américains voulaient faire repousser l'exécution de quinze jours, ils ne voulaient pas que cela se fasse si vite”, a précisé ce responsable qui a requis l'anonymat. “Mais dans la journée de vendredi, le bureau du Premier ministre a fourni tous les documents que réclamaient les Américains, et ceux-ci ont changé d'avis quand ils ont vu que le Premier ministre était intraitable. Après, il n'y avait plus qu'à régler les détails”, a-t-il ajouté. Il semblerait que l'ambassadeur américain a demandé, notamment, à voir un décret signé du président Jalal Talabani autorisant l'exécution et l'arrêt de mort signé de la main du Premier ministre. Finalement, il se serait laissé convaincre qu'un décret présidentiel n'était nullement nécessaire dans ce cas. K. ABDELKAMEL