Si cette menace était exécutée, des centaines de stations-service interrompraient la distribution de carburant. Rien ne va plus entre les exploitants libres de stations-service et l'Entreprise nationale de commercialisation et de distribution des produits pétroliers. La “lettre” explicative de Naftal, dans laquelle celle-ci soulignait que les amendements apportés au contrat la liant aux gérants des stations-service contenaient des “dispositions avantageuses et souples en faveur des gérants libres”, excluant toute éventualité de récupération de ces stations par l'entreprise, n'a pas changé la perception des exploitants libres de stations-service. Ces derniers mettent à exécution leur menace d'un prévis de grève à compter d'hier, le 24 janvier 2004. Dans un communiqué parvenu à la rédaction, la fédération note que “la décision finale et la durée de débrayage seront définitivement déterminés le 3 février prochain en concertation avec le secrétariat de l'Union générale des commerçants et artisans algériens”. Les exploitants libres des stations-service rappellent que le préavis a été précédé d'un moratoire de 30 jours transmis à toutes les parties concernées, “demandant l'arrêt immédiat des pressions et intimidations exercées par Naftal”. La lettre de la direction générale de Naftal “n'est pas une réponse sérieuse”, estiment les exploitants libres des stations-service, “tant elle ignore l'âme même des revendications”, en l'occurrence le rejet sans appel de la location-gérance. “La substance d'un différend persistant de plus d'une vingtaine d'années ne peut raisonnablement être réduite à des superficiels aménagements et assouplissements de contrat. Ramener un si lourd contentieux à quelques amendements minimalistes, c'est proprement faire preuve de cécité, sinon de fuite en avant.” Le seul compromis possible, du point de vue des exploitants libres de stations-service, se trouve dans l'octroi d'une concession aux exploitants libres, en insistant sur le maintien “sans équivoque” de la propriété de l'Etat sur les stations-service dites GL. “C'est la seule formule à même d'assurer la pérennité de notre activité mise en péril par le fragile et précaire régime de la location-gérance”, précisent les exploitants libres de stations-service. En parallèle, ces derniers s'engagent, par le biais d'une convention commerciale, à ne s'approvisionner que chez Naftal en produits pétrolier pour affronter le contexte concurrentiel à venir. “Nous estimons que notre demande de concession n'est pas exorbitante, au regard des larges motivations qui la sous-tendent et des strictes conditions qui l'encadrent”, relève la fédération, estimant que “l'option de la concession offre, en outre, l'opportunité politique de réparer une grave injustice historique ayant instauré une discrimination de fait douloureusement vécue par les exploitants libres dits GL, qui n'ont pu bénéficier de la loi relative à la cession des biens de l'Etat”. Les exploitants libres de stations-service s'interrogent, in fine : “Pourquoi le bénéfice de la concession, largement accordé par la loi sur les hydrocarbures aux entreprises étrangères, dans les segments incomparablement plus stratégiques et sensibles que la petite distribution, serait-il refusé mordicus à de modestes revendeurs 100% algériens, exploitant familialement les stations-service de façon stable, régulière et ininterrompue depuis un demi siècle ?” Synthèse M. R.