Les services des douanes nationales indiquent que le nombre de produits contrefaits circulant en Algérie serait en nette progression. En effet, les saisies opérées par les douaniers sont estimées à quelque 815 000 articles en 2006 contre seulement 1,7 million en quatre ans (2002-2005). L'ampleur du phénomène se manifeste notamment dans le secteur alimentaire, a indiqué un responsable à la direction générale des douanes, lors d'un colloque sur la contrefaçon organisé lundi et mardi par le World Trade Center (WTC-Algérie). Il précise qu'en 2006, près de la moitié des produits contrefaits saisis étaient des produits alimentaires pouvant, de par leur nature, porter atteinte, de surcroît, à la santé publique. Selon les services du ministère du Commerce, l'Algérie est devenue un véritable producteur de la contrefaçon, puisque près de 40% de la production locale est contrefaite contre 41% de la production importée. Ces faux produits concurrenceraient le marché légal “à hauteur de 35% pour les cosmétiques, parfums et articles d'hygiène, 30% pour les vêtements et chaussures, 12% pour les appareils électriques et électroniques et 50% pour les pièces de rechanges automobiles”, a ajouté une source du ministère du Commerce. Pour le directeur de l'Office national des droits d'auteurs (Onda), M. Abdelhakim Taoussar, ce phénomène, qui prend des proportions “énormes” en Algérie, s'observe souvent dans le secteur des œuvres d'esprit (littérature, musique, arts...) et prend diverses formes allant de la piraterie au plagiat. En dépit du dispositif juridique en vigueur prévoyant des procédures très rigoureuses de lutte contre ce fléau, les formes d'atteinte à la production des œuvres d'esprit, a poursuivi le responsable de l'Onda, existent encore et sont souvent commise, selon lui, par les éditeurs et les organisateurs de spectacle. Une étude réalisée en 2003 par l'Onda “a démontré que le taux de contrefaçon des cassettes audio en Algérie est de l'ordre de 50%. Il est beaucoup plus important dans le compact disc (CD), puisqu'il en représente près de 74%”, est-il signalé. Concernant les logiciels contrefaits, “une étude réalisée par un bureau d'études américain, IDC, à la demande de Business Soft Ware Alliance (BSA) a classé l'Algérie au 7e rang mondial dans ce domaine”, a fait savoir le responsable de l'Onda. Pour sa part, la directrice générale de l'Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi), Mlle Nabila Kadri, a informé que l'Inapi, dont la tâche consiste donc à protéger les marques et à délivrer des brevets de propriété intellectuelle, a enregistré en 2006 quelque 4 200 demandes de protection de marques étrangères et 4 000 autres demandes provenant de marques locales. R. E.