Plus de deux semaines après l'ignoble pendaison de l'ancien chef de l'Etat irakien, le président américain a fini par admettre que l'exécution semblait un “acte de vengeance” confessionnelle qui rend plus difficile de mettre un terme à la violence qui ravage l'Irak. “Quand est venu le moment de l'exécuter, cela semblait constituer un acte de vengeance, faisant passer un message contradictoire auprès du peuple américain et de l'opinion publique internationale”, a admis le locataire du bureau ovale de la Maison-Blanche. Intervenant mardi sur la chaîne publique PBS, le président américain a estimé que la pendaison de l'ancien dictateur a “renforcé les doutes” sur le Premier ministre irakien Nouri al Maliki et a démontré clairement que son gouvernement “manque encore d'une certaine maturité”. Même s'il a réaffirmé qu'il était “satisfait” du déroulement du procès de Saddam Hussein, il a n'a pas manqué de dire que le gouvernement irakien “a été maladroit” dans la gestion des circonstances de la pendaison de l'ancien dictateur, le 30 décembre. Il poursuivra son analyse en ajoutant : “Et cela démontre que c'est un gouvernement (le gouvernement Al Maliki) qui doit encore atteindre une certaine maturité.” Fidèle à son point de vue sur la situation en Irak, le président US s'est surtout préoccupé des retombées que cette horrible pendaison pouvait avoir sur la crédibilité du gouvernement irakien. Il affirmera que cela “rend plus difficile pour plaider la cause de ce gouvernement auprès du peuple américain et de démontrer qu'il veut vraiment unifier le pays”. Ceci étant, George Bush ne ratera pas l'occasion pour positiver la pendaison du président irakien déchu en disant : “L'exécution de Saddam, toutefois, était un moment important car elle a fermé un chapitre terrible et a donné au gouvernement une chance d'aller de l'avant.” Par ailleurs, le sénateur démocrate Chris Dodd a déposé mardi une proposition de loi visant à “interdire une escalade” de l'engagement militaire américain en Irak sans feu vert explicite du Congrès. Sa proposition de loi stipule que “le niveau des forces militaires américaines en Irak ne peut pas dépasser leur niveau au 16 janvier 2007 sans une autorisation spécifique contenue dans une loi du Congrès”. Selon lui, les objectifs du déploiement américain en Irak ont changé à un point tel, depuis 2003, que le feu vert accordé par le Congrès en octobre 2002 n'est plus valable. Il estime que “le président doit revenir au Congrès pour demander une nouvelle autorisation”. Ce projet de loi cite notamment le républicain John Warner, ancien président de la commission de la défense, qui en octobre avait souligné que la résolution parlementaire d'octobre 2002 avait été conçue “à un moment où aucun de nous, ni le président ni qui que ce soit d'autre, ne pouvait envisager la gravité de la situation actuelle (...) et la possibilité d'une guerre civile”. Cette initiative est considérée comme la mesure la plus concrète prise jusqu'à présent par un élu pour s'opposer au nouveau plan Bush pour l'Irak, annoncé le 10 janvier, qui prévoit l'engagement de quelque 21 500 militaires supplémentaires, s'ajoutant aux 132 000 qui sont déjà sur les lieux. K. ABDELKAMEL