Le Real Madrid est en crise, joue médiocrement et ne marque guère, mais le club merengue est pourtant coleader de la Liga, un paradoxe qui intrigue commentateurs et spécialistes, à mi-chemin du championnat d'Espagne de football. En remportant une victoire improbable (1-0) contre Majorque, dimanche soir, malgré une prestation insipide, le Real a terminé la première partie de la Liga en haut du classement, à égalité de points avec Séville et le leader Barcelone, qui a toutefois un match en moins. “C'est vrai qu'on pourrait mieux jouer et qu'on a du mal à marquer des buts, mais je suis content et j'ai aimé l'attitude de l'équipe”, a déclaré l'entraîneur Fabio Capello, après le coup franc “en or” de la victoire marqué par un Reyes, jusque-là transparent. De fait, après une semaine marquée par un psychodrame entre l'équipe et le président du club, Ramon Calderon, auteur de commentaires désobligeants sur les joueurs, et une piètre élimination en Coupe d'Espagne, Capello avait de quoi être satisfait du résultat et de ce classement inespéré. Et les commentateurs espagnols se grattaient le crâne, lundi, pour essayer de comprendre comment un club si peu efficace — trois buts au cours de ses six derniers matches — pouvait ainsi faire partie du trio de tête au bout de la 19e journée du championnat. C'est une “énigme”, un “mystère” tout aussi complexe que le fameux “paradoxe” mathématique de Poincaré, écrivait lundi dernier le quotidien El Mundo. L'inconstance du Barça, moins dominateur que la saison dernière, et les contre-performances du tonitruant FC Séville, depuis janvier, y sont pour beaucoup. Et le retour en force de Valence, 4e à 2 points des leaders après six victoires consécutives, annonce une fin de saison serrée et passionnante entre les quatre clubs de tête. Le Real peut-il se mêler sérieusement à la lutte alors que son attaque, à mi-saison, est la plus faible depuis 16 ans et que l'équipe est en pleine reconstruction, avec la mise à l'écart par Capello des Galactiques Beckham et Ronaldo ? La réponse est négative pour la plupart des analystes, qui tablent plutôt sur un duel entre un Valence retrouvé et Barcelone, qui va bénéficier des prochains retours de blessures de ses attaquants Samuel Eto'o et Lionel Messi. El Mundo prévoyait même, lundi, un prochain “effondrement” du Real, dont le “football n'est pas à la hauteur”. Difficile pourtant de ne pas remarquer que le club madrilène, en dépit des nombreuses crises qu'il a traversées, a toujours réussi à terminer ces dernières années aux avant-postes de la Liga — son dernier titre remonte à 2003 — et à participer à la Ligue des champions. L'équipe a nettement rajeuni, avec l'arrivée, à la fin de 2006, des Argentins Higuain et Gago et la récente incorporation du jeune défenseur Torres, ce qui lui donne une visage plus prometteur et dynamique. Mais l'attaque demeure un point faible. Le trio d'attaque Robinho-Reyes-Van Nistelrooy a été d'une “nullité ahurissante”, dimanche, selon le quotidien sportif AS. Et le départ annoncé de Ronaldo ne va pas arranger les choses. Pour les amateurs d'énigme, le prochain grand rendez-vous est dans un mois, avec le 8e de finale aller de la Ligue des champions contre le Bayern Munich au Bernabeu.