Jamais la popularité d'un locataire de la Maison-Blanche n'a atteint un seuil aussi bas, à tel point que la majorité absolue, 83%, pense que l'histoire retiendra qu'il a été un président moyen ou au-dessous de la moyenne allant jusqu'à souhaiter une fin rapide de son mandat. Au moment où le mouvement anti-guerre américain organisait, samedi à Washington, une grande manifestation pour pousser le Congrès à voter la fin de la guerre en Irak, avec l'appui d'une poignée de stars hollywoodiennes de gauche comme Jane Fonda et Sean Penn, un sondage est venu confirmer que la cote de popularité du président américain est au plus bas. Ainsi, selon un sondage du magazine Newsweek, réalisé au lendemain de son discours sur l'état de l'Union devant le Congrès, George Bush a enfoncé un nouveau plancher dans sa chute vertigineuse en ne recueillant que 30% d'avis favorable. 83% des personnes interrogées pensent que l'histoire retiendra George W. Bush comme un président moyen ou au-dessous de la moyenne. Plus grave encore, près de deux Américains sur trois, 58%, souhaiteraient que le mandat de M. Bush soit déjà achevé aujourd'hui. Apparemment, sa plaidoirie pour défendre sa nouvelle stratégie en Irak et de tendre la main à ses opposants démocrates n'a guère convaincu, comme le laissent penser les deux tiers des Américains (67%), qui estiment que ses décisions sur l'Irak et dans d'autres domaines sont davantage guidées par ses croyances personnelles que par la réalité. Ils sont désormais 71% à prédire que Bush n'obtiendra pas le soutien nécessaire pour mettre en œuvre ses décisions dans les deux prochaines années, contre 21% qui pensent le contraire. Les résultats du sondage indiquent que 61% des personnes interrogées se disent insatisfaites de la situation actuelle aux Etats-Unis et que 49% souhaiteraient qu'un démocrate succède à M. Bush à la Maison-Blanche en 2008, contre seulement 28% qui souhaiteraient un prochain président républicain comme lui. Par ailleurs, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés sur la grande esplanade au pied du Capitole pour scander des slogans qui, pour une fois, étaient moins adressés au président George W. Bush, “qui se fiche vraiment de ce que pensent les Américains”, mais au Congrès, “qui a le pouvoir de mettre fin à cette guerre”. Les manifestants, qui prévoyaient de prolonger la manifestation avec une campagne téléphonique aujourd'hui, s'efforçaient de faire signer une pétition appelant notamment le Congrès à “voter le retrait immédiat de toutes les forces américaines en Irak”, et à “voter contre toute enveloppe budgétaire finançant la moindre action militaire en Irak, à l'exception du retrait en sécurité de tous nos militaires”. Cette manifestation intervenait alors que le Sénat pourrait adopter dans une dizaine de jours une ou plusieurs résolutions non contraignantes dénonçant la nouvelle stratégie annoncée par le président Bush le 10 janvier, incluant le déploiement de 21 500 militaires supplémentaires. Le comédien Sean Penn a déclaré : “Nous sommes venus dire aux responsables politiques que s'ils ne se ressaisissent pas, et s'ils ne votent pas une résolution aussi contraignante que le bilan humain de la guerre, nous n'allons pas les soutenir !” La mobilisation semblait en passe de devenir la plus réussie depuis la dernière manifestation de force des anti-guerre en septembre 2005. La police s'est comme à l'habitude refusée à estimer l'ampleur de la foule, que les organisateurs ont évaluée à 500 000 participants. K. ABDELKAMEL