À Yakouren, la tradition de fêter l'Achoura se fait dans une ambiance particulière, notamment avec les chants psalmodiques des sages et le programme d'animation varié que l'on élabore à cet effet. La tradition se perpétue au mausolée dit El Abad Cherif, situé à 3 km du chef-lieu communal. Perché sur une crête, ombragé par des chênes séculaires qui tendent leurs branches pour recevoir des milliers de gens venus de partout afin de participer à la manifestation, l'air s'y emplit d'un bourdonnement continu qui rappelle un peu celui d'un essaim, mais plus profond et plus ample. La colline tout entière, culminant à plus de 900 mètres d'altitude, accueille les visiteurs dans un brouhaha couvrant le meuglement des bœufs et le bêlement des moutons que l'on immole à l'occasion. “Les marmites sont bien garnies et aiguisent les appétits : cette année, plus de 40 moutons et 3 bœufs ont été sacrifiés”, nous confie M. Oukaci, organisateur, ajoutant que la mobilisation touche l'ensemble des membres du comité de village avec pour objectif de réussir la fête et, du coup, satisfaire les hôtes. Ceux-ci, à raison, leur doivent un grand remerciement et une reconnaissance absolue. La faim creuse les estomacs, mais qu'à cela ne tienne car le couscous, préparé en quantité par les femmes de la région est succulent et l'on peut s'en servir à satiété. Par ailleurs, cette journée est célébrée de la même façon et avec le même faste au village de Tifrit Nath El Hadje, relevant de la commune d'Akerrou, situé à 26 km de la daïra d'Azzefoun. Seulement, la zaouïa où est organisée la manifestation reçoit beaucoup plus de visiteurs qu'El Abad dans un désordre qu'il faut impérativement gérer pour essayer de se faire entendre par tous les visiteurs afin de pouvoir leur servir le couscous. En plus du brouhaha de la cohue, les sons deviennent encore plus stridents avec les klaxons de voitures et les bruits des pétards projetés par les bambins. Enfin, décrire est une chose et voir en est absolument une autre. A. Lbachir