Ambiance n Le dixième jour de Moharram de l?année hégirienne, religieusement appelé Achoura, est fêté, dans une liesse inégalée, dans plusieurs régions de Kabylie. Au haut d?une crête de Yakouren se situe El-Abad, un mausolée où l?on perpétue la coutume de fêter l?Achoura. Le lieu est situé au village d?Aït Bouhini, autour de chênes séculaires qui l?ombragent et tendent leurs branches multiples pour recevoir des milliers de gens, venus de partout pour participer à cette manifestation. L'air s?emplit d?un bourdonnement continu qui rappelle un peu celui d?un essaim, mais plus profond et plus ample. La colline tout entière, culminant à plus de 900 mètres d?altitude, accueille les visiteurs, dont le brouhaha couvre le meuglement des b?ufs et le bêlement des moutons qu?on immole à l?occasion. Les sons deviennent encore plus stridents avec les klaxons de voitures et le bruit des pétards des enfants. La faim creuse les estomacs, mais qu'à cela ne tienne : le couscous, préparé par les femmes du village en quantité, est succulent et l'on peut se servir à satiété. Cette journée est célébrée de la même façon et avec le même faste au village de Tifrit Nath El-Hadj, à 26 km de la daïra d?Azeffoun. Seulement, la zaouia où est organisée la manifestation reçoit beaucoup plus de visiteurs que El-Abad, dans un désordre qu'il faut gérer pour essayer de se faire entendre par tous les visiteurs et leur servir le couscous. En revanche, dans la commune de Djemaâ Saharidj, relevant de la daïra de Souamaâ, située à 26 km de Tizi Ouzou, on fait la fête 7 jours et 7 nuits, dans une organisation minutieuse. Avec les quelques vestiges datant de l?ère romaine, la commune, située à 466 mètres d?altitude, connaît une affluence inégalée. De ce fait, la mobilisation touche l?ensemble des comités de villages pour réussir la manifestation et satisfaire les visiteurs. Ceux-ci leur doivent un grand remerciement et une reconnaissance absolue. Enfin, décrire est une chose et voir en est une autre.