Dans la région du M'zab, les fèves, appelées « ibaoun », constituent un plat du terroir très prisé surtout durant les fêtes de l'Achoura. Les habitants de la région du M'zab, très attachés au patrimoine immatériel et aux us et coutumes sociales, continuent de perpétuer la tradition culinaire de « ibaoun » (fèves en tamazight), à l'occasion de la fête religieuse de l'Achoura. Traditionnellement, ce plat du terroir, très prisé, se consomme durant la matinée de la journée précédant l'Achoura (10e jour du mois hégirien de Moharrem), et est échangé entre familles pour, dit-on, renforcer les liens familiaux et la solidarité sociale. Selon la tradition, la ménagère trempe les fèves dans de l'eau douce de la palmeraie de Ghardaïa avant de les laisser bouillir sur un brasier durant toute la nuit. Décortiquées et assaisonnées avec du sel et de l'huile d'olive, les fèves sont dégustées dans la matinée et distribuées aux voisins et passants par les enfants entonnant une chansonnette dédiée à la circonstance. Par ailleurs, un mélange de confiseries, friandises et autres fruits secs (amendes, cacahuètes et noisettes) sont également offerts aux enfants. Perçue comme une fête de l'enfance, la tradition veut que la veille de la fête de l'Achoura, les femmes mettent à leurs enfants du « khôl », fard noirâtre que l'on met sur le contour des yeux afin de les mettre en valeur, qui donne au regard profondeur et luminosité. La vente des fèves sèches constitue le signe avant-coureur de l'avènement de la fête de l'Achoura, dont il suffit d'un tour au souk de Ghardaïa pour se rendre compte de l'effervescence, autour des commerces de fèves et de fruits secs, la précédant. Le jeûne est, par contre, observé durant le jour de l'Achoura par une bonne partie des habitants du M'Zab, qui célèbrent, pour la circonstance, bon nombre de traditions locales. Parmi les traditions durant cette fête de l'Achoura dans la vallée du M'Zab, il faut signaler que les Mozabites laissent leur porte ouverte toute la journée. Les enfants chantants, frappent à la porte, rentrent et attendent sous le grillage du patio central, « Ammas N'tiddar ». Ils chantent jusqu'à ce qu'une grêle de friandises leur tombe « du ciel ». On peut s'imaginer la joie du donneur et celle des enfants qui se bousculent pour ramasser leur part. Ils vont ainsi d'une maison à une autre et ne se séparent qu'à l'appel à la prière du crépuscule, la bandoulière pleine de bonbons, de cacahuètes, de fèves et de pois chiches grillés.