El-Hachemi Djiar a déclaré que les autorités nationales ne sont pas contre l'ouverture du champ audiovisuel à l'investissement privé. Les Algériens sont déjà amplement informés par les chaînes arabes, captées par satellite. Les télévisions, à capital étranger, grignotent sur le marché publicitaire qui devrait profiter aux nationaux. L'ouverture des travaux d'un séminaire sur “les relations entre la presse et le Parlement”, animés essentiellement par des experts américains de la Conférence américaine des législatures d'Etat, dans le cadre de l'initiative de partenariat au Moyen-Orient, a été une occasion pour le ministre de la Communication, El-Hachemi Djiar, d'évoquer la stratégie mise en œuvre par les autorités nationales en direction du monde des médias. Déjà dans son allocution devant les participants aux journées parlementaires, le membre du gouvernement a plaidé en faveur du rapprochement entre les institutions de l'Etat et la presse, qu'elle soit publique ou privée. S'il n'a pas omis de parler des “dérives” de certains titres indépendants durant ce qu'il convient d'appeler la “folle période de Ali Benflis”, El-Hachemi Djiar semblait vouloir mettre de côté les rancœurs des uns et des autres, fermer la parenthèse du conflit presse-pouvoirs publics et surtout inaugurer une nouvelle forme de relations entre les deux entités. En énumérant les six projets majeurs de la présidence de la République (réconciliation nationale, stabilité économique et sociale, relance économique, sécurité des citoyens…), le ministre de la Communication a incité la presse et le Parlement à se solidariser autour de la réalisation de ces objectifs. “Même si la presse a servi d'opposition au pouvoir, il faudrait qu'elle soit, désormais, à ses côtés et non pas contre lui”, a-t-il précisé. Pour ce faire, il a exhorté, d'un côté, les journalistes à parfaire leur formation et à respecter la déontologie propre à leur métier et, de l'autre, les parlementaires à faciliter l'accès à l'information. Il a carrément demandé aux membres de l'APN et du Conseil de la nation de réfléchir à la création d'une chaîne institutionnelle, qui diffusera en continu des informations sur les activités officielles de l'Etat. Il a parlé aussi d'un plan de relance du secteur des médias, examiné récemment par le Conseil de gouvernement. “Cette stratégie sera articulée autour de plusieurs dossiers. J'aurais l'occasion d'en révéler davantage”, a-t-il déclaré. Il a assuré, à ce propos, que cette démarche prendra en charge aussi bien les problèmes de la presse privée que ceux des médias publics. “Nous ne faisons pas de discrimination. Les préoccupations du secteur privé nous concernent aussi”. Interpellé une énième fois sur les intentions des pouvoirs publics concernant l'ouverture du champ audiovisuel à l'investissement privé, le ministre de la Communication a quelque peu assoupli son discours, radical jusqu'alors sur la question. “Les autorités nationales ne sont pas contre. Il faut juste s'y préparer en réunissant les bonnes conditions.” Il a précisé que “la loi de 1990 sur l'information ne prévoit pas la création de radios et de télévisions privées”, mais qu'il y en aura “tôt ou tard en Algérie”. Ce qui sous-entend l'adaptation de la législation algérienne à la concrétisation de ces projets. Le membre de l'équipe de Abdelaziz Belkhadem a ajouté que, de toute manière, les Algériens sont amplement informés sur des évènements propres à leur pays par les chaînes occidentales et surtout arabes, qu'ils captent par satellite. L'interview de Moumen Khelifa, diffusée en boucle sur la chaîne qatarie Al-Jazeera depuis mercredi soir et suivie par des millions de concitoyens, a donné, semble-t-il, de la matière à réflexion aux hauts responsables du pays. À quoi bon interdire la création de télévisions privées, à investissement algérien, du moment que les informations que le pouvoir en place voudrait éventuellement occulter sont inévitablement données par des médias étrangers ? Au-delà, l'avènement de la chaîne maghrébine Nessma TV, à capital étranger, lève le voile sur une autre problématique. Ce média s'emparera, sans aucun doute, de parts importantes du marché publicitaire national, duquel sont privés des Algériens, capables également d'investir dans l'audiovisuel. Le séminaire, auquel participent 150 personnes entre députés, sénateurs et membres de l'administration des deux Chambres du Parlement, se poursuivra jusqu'à mardi prochain. Aux côtés des experts américains, des éditeurs de titres privés animeront des conférences sur des thèmes relatifs aux relations conflictuelles entre médias et politiques ; l'accès à l'information ; les outils de la communication ; les moyens d'information en temps de crise et, enfin, les questions de déontologie. Souhila H.