RESUME : Yasmina se serait bien passée de la visite de son cousin. Elle ne veut plus le revoir et a mis tous ses cadeaux dans un carton. Le lendemain, elle prend ses affaires et va s'installer chez la sœur de Brahim. Ce dernier lui rend visite. Ils sortent ensemble. Yasmina croit avoir vu Djaffar. DEUXIEME CHAPITRE LE PIEGE Yasmina a l'impression que sa vie vient de prendre un nouveau souffle depuis qu'elle a mis les points sur les i. Djaffar ne fait plus partie de sa vie. Il semble l'avoir compris et accepté. Elle éprouve un vif soulagement. Elle n'aurait pas supporté d'avoir à s'expliquer et à batailler pour avoir la paix. Même si elle ne se rend pas tous les mois chez ses parents, elle les appelle. Son père n'a pas encore digéré le changement opéré brusquement dans sa vie mais sa mère a accepté son choix et n'en discute plus. C'est cette dernière qui lui apprendra quelque temps après que Djaffar a une amie. Yasmina en est soulagée et heureuse. S'il a pu tourner la page, pourquoi ne pas en faire autant ? Pendant un moment, elle a culpabilisé en sachant qu'il n'était pas bien, même si jamais elle ne lui a promis de devenir sa femme. - Et ils vont bientôt se marier ? - Je crois… Ses parents sont fous de joie. D'après eux, la fille travaille dans une grande entreprise, dit Latéfa. Et elle est bien née. Tu n'es jamais tombée sur eux, en ville ? - Non et tant mieux ! répond la jeune femme avant de lui confier que, parfois, elle a l'impression que Djaffar est en train de m'espionner ! - Il a une amie et il partage tout avec elle ! Je ne crois pas qu'entre elle et son travail, il puisse trouver le temps de te surveiller, la rassure sa mère avant de lui demander : le garçon avec qui il s'est bagarré, je le croyais intéressé ? Yasmina rit. - Le garçon a eu quarante ans, maman ! Et puis, il tient à moi ! - Depuis quand as-tu rompu avec Djaffar ? demande-t-elle avant de rectifier. Depuis quand est-il sorti de ta vie ? - Huit mois, mais j'ai l'impression que le cauchemar date d'hier ! Même si beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis. - Toi et ce garçon, vous vous voyez ? Est-il toujours intéressé ? - Oui, en fait, ajoute Yasmina, il attend ma réponse depuis des mois. Il est patient. Le fait que je vive sous le toit de sa sœur doit le rassurer, remarque-t-elle. Il sait que je ne vois personne d'autre. - Qu'attends-tu pour te décider ? S'il est de bonne famille et une bonne situation, pourquoi ne lui donnes-tu pas ta réponse ? - Un jour, dès qu'il me la reposera ! promet Yasmina à sa mère avant de raccrocher. Ce jour-là, à la fermeture de la pharmacie, elle est surprise de voir Brahim l'attendre dehors. - Tu aurais pu entrer, lui dit-elle. Pourquoi es-tu resté dehors ? - Je voulais t'observer, répond-il en souriant. Et voir comment tu te comportes avec les autres. J'ai remarqué que tes sourcils se fronçaient quand tu te concentres ! Que dirais-tu de travailler avec moi ? On se verrait tous les jours et quand tu souriras, je serais le premier à en profiter ! - Je comprends pourquoi j'ai toujours eu l'impression d'être surveillée, soupire la jeune femme qui, à chaque fois, pensait que c'était Djaffar. Tu ne devrais plus recommencer ! Parfois, je pensais à un psychopathe alors que c'était toi ! Brahim devient subitement grave. Il est très sérieux quand il lui dit : - Si je deviens fou, il ne faudra pas en être surprise ! Tu prends tout ton temps et moi, je vais devenir fou ! Je vais craquer ! Chaque être a un point de rupture. Tu ne voudrais pas que cela m'arrive ? - Non ! s'écrie-t-elle avant de réaliser qu'il faisait allusion à la réponse qu'elle tardait à lui donner. Tu… tu veux parler mariage ? - Oui, plus que jamais. Et si tu ne me réponds pas aujourd'hui, je vais dire à ma sœur, menace-t-il, de te mettre dehors ! Cela devrait t'inciter à me répondre maintenant ! - Allons prendre un café, lui propose-t-elle. - Tu as l'intention de me faire avaler la mauvaise nouvelle avec du café et des gâteaux ? - Cesse de te plaindre. Ce soir, tu seras le plus heureux des hommes, promet-elle. Enfin, tu te doutes bien de ma réponse ! Si cela avait été non, tu l'aurais su depuis longtemps ! - Alors, c'est oui ? demande-t-il en s'arrêtant. - Pourquoi ? Tu en doutais ? - Oui, je croyais même que tu n'y pensais plus ! Brahim la prend par le bras et au lieu de se rendre au salon de thé habituel, il l'entraîne vers le centre-ville. Là, il s'arrête devant une bijouterie avant de la pousser à l'intérieur. - Mais il n'y a pas de café ici, lui fait remarquer Yasmina. On ne peut pas discuter dans une bijouterie ! - Je vais te prouver le contraire ! Brahim lui offre une belle bague en or. Il est si heureux. Il ne veut pas perdre une journée de plus. - Je vais prévenir mes parents. On ira voir tes parents et je veux qu'on se marie vite ! J'ai assez attendu comme ça ! Allons mettre au courant Rachida ! Il a envie de partager sa joie avec le monde entier. Avant d'aller chez sa sœur, il achète de quoi faire un bon dîner et un grand gâteau aux fruits. Rachida se doutait bien qu'il y avait quelque chose entre eux. Yasmina pour avoir la paix avait évité de lui en parler. - Cachottiers ! leur dit-elle. Vous auriez pu me mettre dans la confidence ! J'aurais dû le deviner vu ta façon d'insister pour que je lui loue la chambre ! - C'est fait maintenant ! Vas-tu nous aider pour les préparatifs du mariage ? Rachida trouve qu'ils vont trop vite. Elle le leur dit. Mais Brahim n'est pas de son avis. Il ne veut pas perdre de temps. Yasmina non plus. Mais pour d'autres raisons que lui. A. K. (à suivre)