À Beni Ourtilane, pour cette année, la production aussi bien de l'olive que de son huile est cinq fois inférieure à celle enregistrée il y a deux années. Le spectre de la banqueroute menace une véritable microéconomie locale. La localité de Beni Ourtilane a abrité, le week-end dernier, la troisième édition du Festival de l'olive dans une conjoncture marquée par une faible production nationale qui, tout en pénalisant plusieurs économies locales, plaide pour la recherche de nouvelles perspectives. Le public, constitué de professionnels et de curieux, était invité à prendre part à une exposition à des ateliers de réflexion.Ainsi, une exposition des produits oléicoles s'est tenue avec la participation de producteurs venus des wilayas limitrophes (Sétif, Bouira, Béjaïa, Jijel et Guelma). Des ateliers sous forme de conférences-débats réunissant spécialistes et oléiculteurs ont eu lieu en marge de la manifestation. Pour la wilaya de Sétif, la production est en baisse perpétuelle. Si la cuvée 2004/2005 a été exceptionnelle, avec 109 000 quintaux d'olives et 23 000 hectolitres d'huile, celui des deux dernières années est loin de répondre aux attentes de la profession. En effet, l'année 2005/2006 a enregistré une baisse de la production de 40%, soit une récolte de 72 000 quintaux d'olives et de 2 500 hectolitres d'huile. Pour 2006/2007, la courbe persiste dans sa chute entraînant avec elle une véritable économie locale à la banqueroute. Les estimations données la veille de la clôture de la campagne évoquent une production 5 fois inférieure à celle de la campagne 2004/2005. Des chiffres considérés franchement dérisoires. Les causes de cette catastrophe économique et sociale sont multiples. On cite des facteurs climatiques et d'autres intrinsèques à la filière. La wilaya de Sétif compte 25 000 arbres fruitiers, dont 80% composés d'oliviers concentrés dans la zone nord, à savoir Beni Ourtilène, Guenzet, Bouaândas et Aïn Sebt, sur une superficie de 11 000 hectares. Pas moins de 64% des oliviers sont centenaires. Une politique de rajeunissement avec de nouvelles plantations et de régénération des arbres est plus qu'impérative. À cela s'ajoutent la mécanisation non adaptée à cause du relief montagneux et accidenté, la pénibilité de l'activité et la déperdition des potentialités humaines, en termes d'expérience. La relève n'a pas été assurée par les nouvelles générations qui préfèrent d'autres gagne-pain moins pénibles physiquement et plus porteurs économiquement. D'autre part, 70% des huileries et autres pressions sont de type traditionnel et n'obéissent pas aux normes universelles de traitement et de trituration pour songer à l'exportation et dégager de meilleures plus-values. Pourtant, la région recèle 36 variétés et autres espèces d'olives, parmi les meilleures au monde, puisque répertoriées et cataloguées. La direction des services agricoles exhorte, elle, les producteurs à créer leur propre association professionnelle pour adopter une stratégie commune afin de réhabiliter ce secteur vital dans la région. Depuis des siècles, Beni Ourtilène, qui compte 60 000 habitants et s'étale sur une superficie de 228,73 km2, recèle d'immenses potentialités dans ce domaine. Pour l'année 2007, il est prévu une surface de 200 ha destinée à la plantation de nouvelles oliveraies dans le cadre d'un plan spécial d'aménagement, avec pour objectif un rendement de 40 kg d'olives par arbre. Tout cela, nous a-t-on assuré du côté de la direction des services agricoles, est réalisable, à condition d'adopter une nouvelle approche avec des méthodes modernes, à l'instar de ce qui se fait dans des pays leaders comme l'Espagne. Farid Benabid