Quelques minutes après son arrivée hier à Alger, le président Saïd Allik a bien voulu revenir sur la débâcle de Niamey. Liberté : Difficile de trouver les mots, n'est-ce pas, après cette élimination de la Ligue des champions d'Afrique ? Saïd Allik : Franchement, je suis abattu, outré, dégoûté. Tout à l'heure dans l'avion, j'ai eu un malaise à cause de cette élimination. C'est à croire que le ciel venait de me tomber sur la tête. Toute la nuit, je n'ai pas dormi. En fait, je ne trouve pas les mots pour qualifier cette élimination scandaleuse, c'est une honte pour l'USMA, pour le pays. Vous imaginez que nous avons été éliminés par des joueurs qui sont en fait des militaires qui n'ont même pas le temps de s'entraîner chaque jour. Le budget pour cinq ans de l'AS Fnis correspond à peine à la prime de signature d'un seul joueur de l'USMA. Vous savez de combien est le montant de la prime de qualification des joueurs de l'AS Fnis ? Il est de 15 euros pour chaque élément. C'est un scandale ! Jamais je n'ai essuyé pire affront de ma vie. Nous avons joué devant une équipe très faible qui n'a pas eu le même rendement lors du match aller. Je vous jure qu'ils n'ont pas montré 50% de ce qu'ils ont fourni comme effort lors du match aller à Bologhine. Du reste, nous aurions pu plier le match en première mi-temps, où nous avions la possibilité de marquer deux à trois buts. Il est vrai que le premier but que nous avons encaissé est venu suite à un penalty imaginaire, mais ce n'est pas cela qui a fait la différence. J'en veux beaucoup plus à mes joueurs et au staff technique qui n'ont rien fait pour gagner. Ils étaient comme des morts vivants sur le terrain. J'avais l'impression de voir des fantômes porter le maillot de l'USMA. J'ai vraiment honte. C'est une honte de se faire éliminer de cette façon par un pays qui n'a aucune culture footballistique. Cela fait mal, très mal ! Aussi, je voudrais, en tant que premier responsable du club, présenter nos excuses aux supporters. Quelles sont les raisons à l'origine de cette élimination ? L'entière responsabilité de cet échec incombe aux joueurs. Ils doivent l'assumer amplement. Je suis persuadé d'une chose : une équipe de seconde division en Algérie aurait pu revenir avec un meilleur résultat et ramener, sans trop de problèmes, la qualification. Vous avez parlé des joueurs. Qu'en est-il du staff technique ? Le staff technique est le premier responsable de cette élimination. À la mi-temps, eu égard au rendement de Dziri et de Ammour qui traînaient la patte, il fallait faire des changements, mais le staff a attendu que ce soit trop tard. À mon avis, seul Abouta avait essayé de faire quelque chose, mais il était trop esseulé en attaque. Il n'était pas assez soutenu, d'où l'erreur d'appréciation du staff. En fait, nous avons été défaillants sur tous les plans. Tactiquement, nous avons été mauvais, les joueurs n'ont pas été à la hauteur. C'est tout cela qui nous a fait éliminer. D'ailleurs, j'ai déjà dit au staff technique et aux joueurs qu'ils font honte à l'USMA et au pays. Ils ne sont pas conscients de la douleur qu'ils affligent aux supporters et des pertes qu'ils occasionnent au club. Est-ce à dire que des têtes tomberont, le staff technique en premier ? À commencer par moi surtout, puisque je vous annonce que je suis démissionnaire de mon poste de président. Je suis aussi responsable de cette débâcle et je l'assume. Je ne peux supporter de voir mon équipe se faire traîner de la sorte dans la boue. Pour le reste, le comité directeur a besoin de réfléchir à la question et de prendre les décisions qui s'imposent. C'est une élimination qui risque également de porter préjudice à l'équipe pour le reste du parcours… Si les joueurs ne font rien pour essayer de remédier à ce cinglant échec, cela voudra dire que ce ne sont pas des professionnels. Alors dans ce cas, je leur conseille d'arrêter le football et d'aller chercher un autre métier. Alors, René Lobello sera-t-il limogé ? Je ne sais pas, nous avons besoin de réfléchir à tout avec du recul et un maximum de discernement. Une chose est sûre cependant, Lobello a failli au contrat qu'il a signé avec l'USMA. S. B.