Loin d'être une simple réunion du conseil syndical d'Air Algérie (version UGTA), la rencontre, qui s'est tenue samedi dernier, a donné le ton pour un durcissement de position. Il s'agit carrément d'une menace de grève brandie par le syndicat qui réclame un accord salarial, au plus tard le 28 février, et le maintien en exploitation des B767-300, ainsi que l'arrêt des facilités d'assistance technique et commerciale accordées à Aigle Azur et la renégociations des accords préalables conclus avec cette compagnie aérienne de droit français. Les 4 et 5 mars prochain sont déjà désignés en guise de jours de protestation si les revendications émises par le syndicat ne sont pas satisfaites d'ici là, comme précisé par cette instance dont le conseil a décidé de maintenir la séance ouverte. C'est du moins ce qui figure explicitement dans le communiqué transmis par le syndicat qui, contacté hier, s'est dit mobilisé pour la circonstance. Une détermination amplement justifiée par les annonces aussi bien de la tutelle que de la direction générale qui font état d'une santé financière tout a fait acceptable. Ceci n'a pas manqué de faire réagir les travailleurs qui réclament, à juste titre d'ailleurs, des dividendes. “Le syndicat a agi par sagesse eu égard, à la conjoncture vécue par l'entreprise. Il l'a laissé toute la latitude à l'employeur pour négocier sereinement l'augmentation de salaire conformément à l'accord gouvernement/UGTA”, lit-on sur le document en question. “Force est de constater que malgré toute la bonne volonté affichée par le syndicat et la bonne santé financière annoncée par tous les médias suite aux déclarations du ministre des Transports et le premier responsable de la compagnie, nous assistons à des tergiversations et manipulations de la part de la direction générale”, accuse le syndicat tout en dénonçant à la fois le malaise qui prévaut au sein la compagnie. Le premier point abordé concerne la flotte, notamment le retrait de l'exploitation de trois B767-300 comme décidé par le DG. Le conseil se dit désapprouver et s'opposer à cette décision arguant son côté “irresponsable et antinomique” avec les intérêts de la compagnie. “N'est-ce pas là une façon de justifier les affrètements ?” s'interroge ironiquement le syndicat, précisant que les B767-300 sont complètement amortis sans compter que le coût de l'exploitation est de loin le plus bas, comparativement au reste de la flotte. Il s'inquiète également quant au sort réservé à la flotte (24 avions) retirée de l'exploitation depuis 2004 et destinée à la vente. Le syndicat évoque aussi les facilités accordées à une compagnie concurrente qui n'est autre qu'Aigle Azur, notamment sur les créneaux horaires traditionnellement détenus par Air Algérie (deux vols quotidiens sur l'aéroport Charles-de-Gaule/Paris, alors qu'Air Algérie n'en assure qu'un seul). La compagnie nationale a également cédé, selon le syndicat, à Aigle Azur des lignes très rentables telles que Paris-Tam, Paris-Djanet et Marseille-Tam et Marseille-Djanet. D'autres avantages sont également soulignés sur les tarifs préférentiels d'assistance accordés à cette compagnie et le transport à titre gracieux de l'excédent de bagages d'Aigle Azur. Les autres anomalies citées par le syndicat concernent la mise à l'écart des cadres de l'entreprise ainsi que des sommes faramineuses (qui se chiffrent en millions de dollars), qui ont été dépensées pour des audits, alors qu'aucun résultat viable, de l'avis du syndicat, n'est constaté sur le terrain. Nabila SaIdoun