À partir de dimanche, tous les paliers de l'éducation nationale seront paralysés. “Il n'y a pas une réelle volonté pour le règlement du problème de la revalorisation des salaires”, a indiqué M. Khoulalène, secrétaire fédéral chargé des affaires sociales et des conflits à la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE-UGTA). Dans une conférence de presse, organisée hier au siège de cette organisation à Alger, le délégué syndical a mis en relief la non-disponibilité de la tutelle à prendre en charge la revendication salariale dont la FNTE s'est fait l'écho. “Apparemment, l'Etat ne répond que suite à la pression”, a indiqué M. Khoulalène. Du même avis, le secrétaire général, M. Djebbar, a annoncé le maintien du mot d'ordre de grève prévue du 16 au 19 novembre, après l'échec des dernières négociations avec la tutelle. “Si la tutelle persiste dans son refus d'augmenter les salaires, nous reconduirons l'action de débrayage du 1er au 4 décembre. Une conférence nationale, en date du 10 décembre, sera ensuite convoquée pour décider des suites à donner au mouvement”, avertit le patron de la FNTE. La montée au créneau du syndicat UGTA est intervenue lors de la dernière réunion des responsables des unions de wilaya tenue le 6 novembre dernier à Tipasa. Avant cette rencontre décisive, des débrayages étaient observés par les travailleurs de Tizi Ouzou et de Béjaïa à l'appel des syndicats d'entreprise locaux affiliés à la FNTE. Au cours de sa rencontre avec les journalistes, M. Djebbar a nié l'intention de son organisation de récupérer le mouvement des lycées initié par deux syndicats autonomes, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) en cours depuis sept semaines. “La FNTE a fait ses preuves sur le terrain depuis longtemps. Elle ne peut pas se comparer à de pseudo-syndicats qui sont nés hier”, a expliqué l'orateur. Lui emboîtant le pas, M. Khoulalène soutient que la radicalisation des positions de la FNTE n'est en rien intrigante ou intéressée. “Durant cette année, nous avons tenu des conférences régionales pour dénoncer les atermoiements de la tutelle à accéder à nos revendications salariales telles qu'elles ont été exprimées lors de la grève de trois jours de février 2002. À l'époque, nous avions convenu de mettre en place des commissions. Elles avaient finalisé leur travail mais les résolutions prises n'ont jamais connu de suite”, a souligné le conférencier. Ce dernier a également relevé les résultats dérisoires de la tripartite pour les enseignants. Toutes ces raisons sont, à ses yeux, suffisantes pour expliquer l'appel à la grève. À la question de savoir, avec exactitude, le principal point d'achoppement entre le gouvernement et la FNTE sur le sujet des salaires, le SG s'est contenté d'affirmer que les propositions du ministère ne sont pas satisfaisantes. Le montant du relèvement des traitements réclamé par le syndicat semble relever du secret-défense. “Nous ne pouvons pas le rendre public car cela nuirait aux négociations”, explique M. Khoulalène, qui précise toutefois que l'augmentation demandée est conséquente. Il indique, par ailleurs, que le dialogue avec le ministère n'est pas rompu. SAMIA LOKMANE Alors que le mouvement des enseignants est reconduit Le CLA rencontre aujourd'hui Benbouzid Après avoir tourné le dos aux deux syndicats autonomes (le Conseil des lycées d'Alger et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), qui ont bloqué les lycées depuis le début de l'année scolaire, le ministre de l'Education nationale a fini par lâcher du lest. C'est ainsi qu'il rencontre aujourd'hui le tonitruant Redouane Osmane, secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA), au siège du département ministériel. Cependant, Osmane et ses délégués ne se présenteront pas à cette réunion sous la casquette syndicale du Conseil des lycées d'Alger, mais au nom du collectif des enseignants grévistes du secondaire. Selon le responsable du CLA, cette démarche est motivée par l'appel à la sagesse lancé par les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes qui appréhendent l'année blanche. “L'attente des élèves et de leurs parents envers notre mouvement et notre coopération doivent trouver un débouché positif à nos espérances revendicatives qui se confondent avec leur soulagement quand ils comprendront que nous sommes contre l'année blanche. Par ailleurs, nous avons envoyé une mission au ministère de tutelle pour savoir s'il voulait vraiment négocier avec un collectif d'enseignants comme il l'a prétendu. Nous sommes plutôt satisfaits de la réponse du ministère de l'Education”, a déclaré M. Osmane, hier, lors de la conférence de presse qui a suivi l'assemblée générale du Conseil des lycées d'Alger. Celui-ci n'a pas nié que la démarche adoptée par le CLA est une manière d'empêcher la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) de récupérer le mouvement à son profit. “Nous voulons négocier dans le cadre de la plate-forme de revendications, à savoir l'augmentation des salaires à 100%, le statut particulier du professeur du secondaire et la retraite après 25 ans de service”, ajoute le conférencier. Outre ces revendications, la délégation des enseignants grévistes conditionne l'ouverture du dialogue par la levée des sanctions sur tous les professeurs au niveau national, la liberté de choisir les représentants de la délégation sans aucune exigence et la présence du ministre aux séances de négociation. En dernier lieu, il exige que les résultats de la bipartite fassent l'objet d'un procès-verbal ratifié par les deux parties en conflit, en l'occurrence M. Benbouzid et le représentant du collectif des enseignants. En dépit de ce début de dégel du bras de fer entre les deux protagonistes, le responsable du Conseil des lycées d'Alger (CLA) déclare que le débrayage est reconduit pour une autre semaine. “Nous ne braderons pas nos revendications, nous ne sortirons pas de ces négociations les mains vides”, a-t-il ajouté. La fin de la grève, a-t-il expliqué, est tributaire des résultats qui découleront de cette rencontre et de la satisfaction des revendications des contestataires. Par ailleurs, Osmane n'a pas manqué de lancer un appel au Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) — dont le responsable, M. Mériane, refuse de s'asseoir à la table du dialogue tant que son syndicat n'aura pas reçu d'agrément — de se joindre au collectif des grévistes. Nabila Afroun Sit-in des Travailleurs de la formation professionnelle Menace de débrayage Ils étaient plus de 200 travailleurs du secteur de la formation professionnelle à participer, hier, au sit-in organisé par l'union, sous l'égide du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Et comme pour ne pas rompre avec l'habitude, le rassemblement en question n'a pas échappé à des intimidations de la part des éléments de la sécurité, dépêchés sur les lieux, appuyés de CNS. Le dispositif de sécurité, plutôt impressionnant, n'a cependant en rien ébranlé la détermination des travailleurs venus exprimer un ras-le bol causé par de nombreux dépassements, selon eux, au niveau de leur administration. Cette dernière va jusqu'à sanctionner des travailleurs simplement pour leur affiliation à un syndicat plutôt qu'à un autre, comme c'est le cas, selon le syndicat, à Oran et à Aïn Defla où sont prononcées des suspensions arbitraires. “Pour une pluralité syndicale”, lit-on sur les banderoles exhibées par les manifestants qui croient en un syndicalisme libre, loin, selon eux, des “tergiversations” de l'UGTA qui, n'ayant plus de poids, ne garde que le cachet. “L'avenir est dans le syndicalisme autonome. L'UGTA est complètement vidée de sa substance. Tout le monde en est conscient, et c'est ce qui inquiète autant l'UGTA que l'administration”, ont crié, unanimement, les manifestants qui réclament, par-dessus tout, une augmentation du salaire de base à 100%. “Nous sommes solidaires avec nos confrères enseignants du secondaire, avec lesquels nous nous rejoignons sur cette question”, ont déclaré les responsables de l'Union des travailleurs de la formation professionnelle, qui n'ont pas manqué de dénoncer que bon nombre de leurs collègues de l'intérieur du pays ont été bloqués pour ne pas rejoindre le lieu de la contestation. Ces derniers souffrent, nous dit-on, carrément de discrimination. Devant le siège du ministère hautement sécurisé par un cordon de CNS, de nombreux manifestants ont utilisé des sifflets assourdissants au moment où d'autres scandaient des slogans hostiles à l'administration centrale. Ce n'est que vers 12h30 que le ministère a daigné leur prêter l'oreille. Une délégation de quatre membres du syndicat a donc rencontré certains directeurs centraux de ce département. Les pourparlers ont duré plus de deux heures pour se solder par un échec. “à l'évidence, ce n'était qu'une ruse pour nous calmer. Au vu de l'évolution des discussions, il apparaissait clairement que les missionnaires du ministre n'avaient aucune intention d'aboutir à un résultat probant en notre faveur”, a déclaré le SG de l'union, visiblement déçu de se retrouver, selon lui, confronté à chaque fois à un dialogue de sourds. Les responsables des syndicats ont, en définitive, confirmé la menace de grève qui sera annoncée officiellement, incessamment, lors d'une conférence de presse. Nabila Saïdoun 26 crèches pres-co à l'arrêt Les éducatrices décrochent Les 26 jardins d'enfants Pres-co de la wilaya d'Alger ont baissé rideau depuis plus d'un mois. Pour cause, les éducatrices et autre personnel sont en grève et ce, depuis le 7 octobre dernier. Les travailleurs s'insurgent contre la mauvaise gestion et la “dictature administrative” de la directrice générale des crèches d'Alger. Les grévistes exigent le départ immédiat de Mme Addad, la directrice. La secrétaire générale du syndicat, qui nous a reçus hier dans les locaux de la direction générale à El-Madania, a rappelé que les éducatrices sont déterminées à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Outre le départ de la DG, les travailleurs demandent le réajustement des salaires. Une éducatrice nous prend à témoin pour dire : “Je fais 9 500 DA par mois, pour 33 ans de services.” “C'est injuste, ajoute la représentante des travailleurs, que des employées parmi nous touchent en deçà du SNMG”. Les protestataires exigent aussi le versement total du montant des œuvres sociales qui est estimé à 450 millions de centimes. Dans la plate-forme de revendications, figure également la révision de la convention collective. Les grévistes ne comptent nullement ouvrir des négociations avec l'actuelle directrice. Et de poursuivre que Mme Addad n'a pas mis les pieds dans son bureau depuis le 13 octobre. “On lui interdit l'accès à la direction générale. Car elle n'a pas le profil de la formation requise pour un tel poste”, s'indignent-elles. Sur le même registre, d'autres éducatrices interviennent pour dénoncer la mauvaise gestion de Addad : “Depuis sa prise de fonction, elle n'a jamais tenu un seul conseil de direction.” Les protestataires rappellent encore que les grévistes ont adressé plusieurs rapports au Chef du gouvernement et au wali d'Alger, dans lesquels elles ont dénoncé tous les agissements de la directrice générale. Sur un autre plan, les grévistes n'ont pas manqué de rappeler la qualité des repas distribués aux enfants, puisque la directrice générale a supprimé l'ensemble des cuisines installées dans chaque crèche. Mme Addad n'a maintenu qu'une seule cuisine centrale au niveau de la crèche de Hussein Dey qui assure les repas aux enfants des 30 crèches. Dans ce conflit, une chose est sûre : les grands perdants sont les enfants. Les 461 éducatrices en grève sont abandonnées à leur triste sort. R. H.